Si en 2004, l'annonce du retour d'Obituary, membre du triumvirat du Death floridien aux côtés de Morbid Angel, Cannibal Corpse et Death, et auteur d'une poignée d'albums fondateurs tels que "Slowly We Rot", "The Cause Of Death" et "The End Complete", fut accueillie avec enthousiasme, cinq ans plus tard, force est de reconnaître que cette résurrection s'est soldée par un échec et ce malgré un capital sympathie intact. Le groupe ne chôme pourtant pas, mais l'inspiration, la flamme semblent s'être toutes les deux bel et bien envolées.
Ceci dit, précédé du premier essai en solitaire des Tardy Brothers, "Bloodline", efficace à défaut d'être indispensable, il était permis d'espérer que le successeur du fade "Xecutioner's Return" serait peut-être (enfin) à la hauteur d'une légende qui commence alors sérieusement à être entamée. Las, "Darkest Day" s'inscrit dans le sillage de son aîné.
Le mercenaire de la six-cordes, Ralph Santolla, est confirmé à son poste - comment de toute façon pouvait-il en être autrement ? Toujours aussi peu à sa place au sein d'Obituary, l'homme astique son manche avec sa virtuosité aussi coutumière qu'inopportune, quand bien même sa présence ne grève pas nécessairement tous les titres, à commencer par 'List Of The Dead', amorce furieuse de bon augure. D'ailleurs, la rondelle démarre de manière plutôt avantageuse. Solides cartouches, 'Blood To Give' et 'Lost' confirment cette puissante lancée, ce qui nous fait dire que "Darkest Day" se révèle largement supérieur à son prédécesseur de morne mémoire.
Dommage cependant que les Américains confondent trop souvent lourdeur morbide et constipation graisseuse, finissant du coup par patauger dans des viscères rugueux dont ils ne parviennent que trop rarement à s'extraire. De fait, la seconde moitié s'embourbe, incapable de décoller, enchaînant des morceaux aux traits aussi épais qu'inodores, témoins les 'This Life', 'See Me Now' et autre 'Truth Be Told'. Seuls 'Your Darkest Day et, quoique dans une moindre mesure, le terminal 'Left To Die', long de plus de six minutes, retiennent vraiment l'attention au milieu d'une deuxième partie qui traîne péniblement en longueur. Alors certes, John Tardy vomit toujours ses boyaux comme lui seul sait le faire, mais sa voix ne suffit pas à sauver ce huitième album d'un ennui poli.
Plus en forme que sur "Xecutioner's Return", c'est un groupe usé qui accouche de ce disque à la fois massif et inégal dont les (quelques) bons moments peinent tout de même à se hisser au niveau des classiques d'autrefois...