Alors que Cream a déjà annoncé sa séparation, le groupe entre en studio pour enregistrer trois derniers titres et offre une tournée d'adieux à son public. C'est à l'issue de cette dernière série de concerts que sort "Goodbye" au début de l'année 1969 en proposant six titres, dont trois live, en à peine 30 minutes.
L'album s'ouvre sur un 'I'm So Glad', tiré du premier album, qui s'étale sur neuf minutes essentiellement instrumentales où les trois protagonistes s'en donnent à coeur joie. L'énergie et la qualité que l'on avait constatées dans les titres live de "Wheels Of Fire" se retrouvent ici, comme sur les autres morceaux, 'Politician' et 'Sitting On the Top Of The World' dont l'interprétation donne le sentiment que Cream est un groupe soudé qui se plait à varier les thèmes sur des rythmiques bien établies où le sieur Clapton donne le meilleur de lui-même.
Le premier inédit, 'Badge' co-écrit par Clapton et George Harrison, est un superbe moment, trop court, de jouissance musicale. Le guitariste y assure le chant pendant que le Beatles y joue de la guitare rythmique sous le nom de L'Angelo Misterioso et l'incontournable producteur Felix Pappalardi, des claviers (piano et mellotron). Il s'agit du dernier titre franchement réussi de Cream qui révèle le besoin des musiciens de prendre l'air et confirme la nécessité de la séparation qui était inéluctable depuis longtemps. Les deux dernières chansons sont plus dispensables. 'Doing That Scrapyard Things' ressemble à une sorte d'envolée bucolique qui ne rentre pas vraiment dans l'identité musicale du groupe et tombe dans une sorte de facilité. Enfin 'What A Bringdown' n'est pas désagréable mais s'inscrit davantage dans l'esprit des Doors, l'inspiration en moins. Ce titre voit Pappalardi jouer de la basse délaissée par Jack Bruce qui se concentre sur le chant et les claviers.
L'album d'adieu de Cream a connu un succès commercial qui ne semble pas correspondre à sa qualité intrinsèque. Malgré tout, il reste représentatif d'un groupe qui ressemble à une promesse non tenue. L'alliance de trois musiciens exceptionnels a permis de révéler quelques titres fabuleux, mais trop peu nombreux dans une carrière finalement très courte et beaucoup de moments juste corrects, alors que la réunion de tels talents aurait pu déboucher sur une collection de chefs-d'œuvre.