Ne serait-ce que pour saluer cette quête de recherche et d’expérimentations musicales dont ils ont fait preuve tout au long de leur carrière, il faut absolument s’intéresser à Ulver.
Pensez tout de même qu’au départ il s’agit d’un groupe de black metal (blasts et chant guttural pour rappel), précurseur également de la recette death mélodique popularisée par Opeth quelques années plus tard, qui, peu à peu, s’est tourné vers l’ambient et les musiques électroniques, au point que je défie quiconque ne connaîtrait pas le groupe, de retrouver facilement leurs origines.
Depuis 1998 et leur album inspiré des poèmes de William Blake (The marriage of heaven and hell), les norvégiens d’Ulver développent une musique électronique que l’on pourrait qualifier d’avant-gardiste du fait de son originalité et du mélange des genres qu’elle propose. On y croise pêle-mêle les ombres de Brian Eno, Cocteau Twins, Vangelis, ou encore la musique sacrée. Mais, loin d’être seulement un amalgame de toutes ces influences, le groupe a su créer un univers qui lui est propre, original et pertinent. En ce sens, « Blood inside » peut être considéré comme l’aboutissement des expériences musicales d’un groupe qui n’aura eu de cesse de se renouveler continuellement.
A l’instar de « The downward spiral » de Nine Inch Nails ou encore du « Infinity » de Devin Townsend, « Blood inside » n’a pas d’équivalent, c’est un objet singulier qui peut rappeler certaines œuvres de musique contemporaine ou classique (le final au piano de « It is not sound ») mais aussi le jazz (le final « big bang » de « In the red ») et les ambiances musicales de certains films (de David Lynch par exemple), sans que l’on identifie précisément une influence plus déterminante qu’une autre. Pour autant, à quelques exceptions près, l’album n’apparaît pas particulièrement difficile d’accès ; le chant, clair et éthéré, est souvent multiplié afin de donner une profondeur aux compositions et les guitares sont discrètes, il en résulte un sentiment de plénitude qui traverse l’ensemble de l’œuvre. Ce qui prédomine, ce sont surtout les claviers et autres programmations ainsi que le travail sur les percussions qui, il faut le reconnaître, est assez impressionnant (dernier vestige d’un passé « métal » ?).
Au final, je ne serais trop vous conseiller de découvrir cet album que la plupart des critiques ont salué à sa sortie comme une œuvre majeure et qui n’a malheureusement toujours pas trouvé de successeur pour le moment.