Depuis leur formation il y a déjà vingt ans, les Belges d’Aborted n’ont pas chômé, nous livrant alternativement chaque année un album ou un EP, quand ce n’est pas les deux à la fois. C’est de nouveau le cas cette année où, pour nous faire patienter dans l’attente du futur "Retrogore" d’ores et déjà annoncé pour avril, le groupe revient avec un EP qui déverse dans nos cervelles fondues du plomb en fusion.
Ne cherchez ni finesse, ni poésie : "Terminal Redux" est une rondelle violente et percutante, au-delà des modes, gardant néanmoins une orientation presque "mélodique". Ici, seules comptent les vibrations violentes des guitares qui tissent une toile gluante et assènent des riffs marteau-pilon, rappelant les jets spermatiques de Death ou Carcass, et de la batterie, épileptique, qui met notre cœur à rude épreuve alors que la voix aux vomissures crasseuses passe du grunt aux cris suraigus, utilisant le pig growl avec plus de parcimonie.
Ce voyage sanglant débute par une mise en place sonore digne d’un film d'épouvante ('Liberate Me Ex-Inferis'). Cette piste plonge petit à petit l'esprit dans une ambiance glauque et oppressante, puis la violence brute se déchaîne sans retenue sur 'Termination Redux', rouleau-compresseur porté par un tapis de double pédale et de riffs puissants. Le rythme s'accélère ensuite dans une version thrash où les cris se conjuguent aux vociférations caverneuses, se répondent et se superposent pendant qu’une guitare solitaire impeccable enchaîne les phrases chantantes et rapides. Ce sadomasochisme sonore se poursuit avec toujours plus de violence sur 'Vestal Disfigurement upon the Sacred Chantry' au rythme épileptique.
"Terminal Redux", tel une division de panzers, ne laisse que terres brûlées sur son passage et assène sans vergogne et avec un plaisir sadique blasts étouffants, rythmes plombés et harmonies déconstruites transcendées par la technique. Alors, même si cette musique ne révolutionne pas le genre, elle le perpétue avec un énorme savoir-faire grâce à des compositions tranchantes comme un scalpel. Une rondelle digne des visions morbides de Clive Barker qui ravira les amateurs de death moderne et d'ultra violence.