S'il
vous était assené abruptement là, tout de go, que ce nouvel album de Treat doit
dès ce soir intégrer votre discothèque, peut-être que cet encouragement, cette
injonction diront certains, suffirait à convaincre l'irréductible et insatiable
discophage que vous êtes à vous procurer sur le champ cet opus. Oui mais voilà,
mon rédac' chef ne l'entendrait pas de cette oreille (oui, il n'en a plus
qu'une). Aussi vais-je développer un argumentaire un tantinet plus charpenté
pour conserver mon poste certes, mais surtout pour tâcher de vous conter les raisons
m'ayant amené à tenter (intenter ?) une blitz-chronique.
Un
éclair. C'est exactement ça, il vous faudra le temps d'un éclair pour entrer de
plain-pied dans ce "Ghost Of Graceland" qui nous est aujourd'hui livré en pâture
six ans après le sensationnel "Coup De Grace". Un éclair donc, juste le temps de
vous prendre en pleine poire le titre éponyme de ce second opus de Treat depuis
leur reformation il y a dix ans. Maigre ratio direz-vous, numéraire uniquement
pourriez-vous vous entendre rétorquer, tant la qualité des deux productions est
exceptionnelle.
Mais
revenons à "Ghost Of Graceland", et voyons quelles évolutions a connu le petit
monde de nos amis Suédois depuis 2010. Peu de choses à évoquer finalement, bien
moins que lors de leurs jeunes années où les changements de line-up leur ont
certainement coûté de manquer l'embarquement dans la fusée Europe. Il y avait
pourtant vraisemblablement de la place pour deux en Suède. Mais il y eut le
'Final Coundown'... et la belle gueule de Tempest. Une carrière tient parfois à de
bien futiles détails, doit se dire Ernlund le fidèle vocaliste qui croise sur
cet opus un nouveau bassiste issu de chez King Diamond (et ex The Poodles) et un nouveau binôme de
producteurs Wikström (le six-cordistes)/Mansson (un fan des débuts).
Cette
information sur le changement de producteurs n'est pas là pour faire du texte
(point de pigistes chez Music Waves). Elle est donnée car elle peut expliquer
en partie pourquoi le son de ce "Ghost Of Graceland" est plus claquant que celui
de son prédécesseur. Pour employer l'expression consacrée, cet album a un gros
son. Et comme les Suédois ont en plus haussé le ton, genre "les claviers
en avant ça va bien deux minutes, alors envoyons les guitares", le tout
garde bien éveillé le petit amateur de hard mélodique. On pense fréquemment à
House Of Lords par exemple, mais également à... Europe, mais l'Europe "adulte", celui de "Start From The Dark".
L'album
est une succession de hits punchy, du genre à frôler l’incrustation intrusive
des méninges. L’ensemble peut bien être taxé de tendance easy listening,
radiophonique, arena rock, voire commerciale, il n’en demeure pas moins que le
rendu est toujours très classe, lumineux et addictif. L’aspect limite pop de
certains refrains peut même parfois être envisagé comme sur le galvanisant 'Nonstop Madness'. N’oublions
pas en effet que Wikström, durant l’hibernation du groupe entre 1993 et 2006, a
composé pour des artistes du genre avec succès (Sandra, Kim Wilde et même
Umberto Tozzi !), mais qu’il a aussi pondu des titres dont ont profité des
figures musicales plus musclées, comme le 'Lorelei' des Scorpions, le 'We Are The
Others' de Delain ou le 'Like No Tomorrow' des Poodles. Mais qu’importe le flacon
pourvu qu’on ait l’ivresse, comme disait ce brave Alfred de Musset. Ici en effet
ce côté pop ponctuel marié à des guitares tonitruantes passe fort bien l’épreuve
de l’écoute en boucle.
Que
ce revival du hard rock mélodique nous fait du bien !... Depuis qu'il s'était
laissé emmurer vivant par les tâcherons besogneux du grunge à la fin des 80's, il n'avait jamais été autant en forme. Treat fait partie des nouveaux
bâtisseurs du genre malgré l'âge avancé de ses membres. Mais vous connaissez
l'adage : les vieux pots, les bonnes soupes, tout ça... Alors à vos
écuelles ! Prenez une bonne lampée de ce "Ghost Of Graceland" et vous
retrouverez une forme printanière.