Avec "Super Colossal", Satch se concentre sur les mélodies et la finesse de son prodigieux toucher, et met un point d’honneur à rendre sa musique accessible et émotionnellement intense. L’album représente un tournant dans la carrière de Joe et le début d’une nouvelle manière d’envisager son œuvre. En premier lieu, le travail de mastering et de rendu sonore n’a jamais été aussi soigné, en grande partie grâce à Mike Fraser, producteur et ingénieur du son émérite. Le son énorme du titre ‘Super Colossal’ en est un bon exemple. Ensuite les rythmiques très groovy sont ciselées et sur quatre morceaux, Joe s’adjoint les services du batteur Simon Phillips (Toto, Mike Oldfield…) en lieu et place du fidèle Jeff Campitelli.

"Super Colossal" est un album apaisé, aérien et spatial. Bien sûr, le rock est toujours de la partie (‘Super Colossal’, ‘Redshift Riders’, ‘Movin On’) mais les titres plus lents sont nombreux et très axés sur l’émotion (‘Ten Words, The Meaning of Love, Made of Tears’) voire parfois sur l’expérimentation sonore (‘One Robot’s Dream’, ‘Theme For A Strange World’). Tout l’album dégage de l’optimisme et remplit l’espace d’énergies positives. Le titre ‘Crowd Chant’, dialogue ludique entre la guitare et le public, sera d’ailleurs utilisé par Satch en rappel de tous ses concerts pendant de nombreuses années.

Moderne et inventif, le musicien est ici au sommet de son art, en accord avec lui-même, refusant de céder à la facilité en privilégiant sa vision personnelle de la composition. Il ne renie en rien ses albums précédents mais amorce un travail mélodique toujours plus exigeant. "Super Colossal" est un album charnière qui ne vieillit pas et dont le plaisir d’écoute est toujours intact dix ans après.