Bears Of Legend est un groupe qui nous vient du Canada et dont "Ghostwritten Chronicles" est le second album en date après un premier opus paru en 2012, "Good Morning, Motherland". "Ghostwritten Chronicles" nous narre les aventures de différents personnages, retranscrites sur le vieux journal de bord du trois-mâts qui orne la superbe pochette et prétextes à autant de chansons.
Le groupe, constitué de sept musiciens, pratique une pop sophistiquée entièrement acoustique parsemée ici et là de légères touches folk. Les mélodies sont la plupart du temps mélancoliques, ce qui ne veut pas dire compassées. Les tempos s’accélèrent fréquemment, les passages intimistes, souvent réservés aux intros par de très jolis piano/voix, banjo/voix ou ukulélé/voix, précèdent les montées en intensité introduites par des tutti. Cette capacité à passer de l’intime au généreux est d’ailleurs l’un des points forts de l’album. On écoute les notes cristallines d’un piano ou sautillantes d’une guitare et on se trouve embarqué on ne sait comment sur une mélodie emphatique au son d’un accordéon déchirant ou d’un violoncelle dramatique, le tout accompagné d’une rythmique aussi discrète qu’efficace et de chœurs du meilleur effet, avant de revenir à la confidentialité du début, ce mouvement de flux et reflux donnant à l’auditeur une perpétuelle impression de naviguer entre calme et tempête.
Les amoureux d’arabesques gracieuses et de délicatesse se régaleront, d’autant plus qu’à la finesse d’un jeu dynamique et tout en variations s’ajoute le plaisir de compositions à fort potentiel émotionnel. Des titres tels que ‘Be Mine, All Mine’, ‘The Arkansas River’ ou ‘Beside Me’ pourraient faire de parfaites petites perles FM, bien plus pertinentes que nombre de chansons ayant la faveur des programmations. D’autant plus que David Lavergne possède un timbre très agréable, empreint d’une mélancolie faisant penser à James Blunt et capable de ces petites montées qui font venir le frisson à la Morten Harket (A-Ha).
S’il fallait trouver un défaut, ce serait du côté de la tonalité de l’album, un peu trop homogène. Même procédé utilisé pour les changements de cadence ou de couleurs, tous provoqués par un petit crescendo ou un léger accelerando intervenant sur le dernier tiers des morceaux, même mélancolie imprégnant tout le disque, tout cela finit par rendre difficile la différenciation des titres entre eux. Tout est bien mais sans véritable moment fort. Il en résulte un petit ventre mou en milieu d’album, pas méchant mais installant l’auditeur dans un ronron un peu trop douillet.
Néanmoins, les incessantes variations que brodent les musiciens couplées à des mélodies fort agréables empêchent celui-ci de passer du confort à l’ennui, et les derniers titres lui permettent de retrouver le plaisir auditif pris avec les premiers. "Ghostwritten Chronicles" permettra assurément de passer un très agréable moment à ceux qui aiment les mélodies fraîches et délicatement ciselées.