Pour être franc avec vous, Rossometile est un groupe dont nous n'avions jusqu'à présent jamais entendu parler malgré une carrière entamée il y a vingt ans et jalonnée par quatre albums en comptant ce petit dernier. Ambitieux, les Italiens ont d'abord cherché à façonner un gothic metal aux lointaines racines progressives gainé de chant féminin, de mise sur le deuxième opus "Terrenica" en 2008, sans pour autant marquer les esprits, la faute notamment à une trajectoire en pointillés car ponctuée de trop longs silences.
Fort de l'arrivée d'une nouvelle chanteuse, la charmante Marialisa Pergolesi, le quatuor va-t-il enfin parvenir à accéder à l'étage du dessus grâce à ce "Alchemica" qui survient trois ans après un "Plusvalenze" déjà oublié ? Rien n'est moins sûr car cette cuvée 2015 n'est pas exempte de faiblesses.
La première d'entre elles est sa durée. Ainsi, qu'est-ce que le groupe peut bien avoir à raconter pendant plus d'une heure ? N'est pas Epica ou Nightwish qui veut ! Encadré par deux courtes pistes instrumentales, le menu aurait mérité quelques bons coups de ciseaux, ce qui l'aurait rendu un peu plus digeste à défaut d'être indispensable. De fait, "Alchemica" rejoint cette longue litanie de disques agréables à écouter, ni bons ni mauvais mais tout simplement quelconques, et dont la bonne tenue technique ne les exonèrent malheureusement pas d'une certaine platitude. Avare en émotion, l'écoute se déroule dans une indifférence polie.
Quoique bien écrites, ces chansons s'enchaînent sans passion, incapables d'accrocher vraiment la mémoire, même s'il ne manque parfois pas grand-chose à certaines d'entre elles pour y réussir, telles 'La Fenice' et plus encore 'Il Lato Oscuro (The Other Side)' dont la mélodie n'est pas à la vérité sans laisser quelques résidus. Claviers fluets et riffs épais corsètent une musique à laquelle seuls le chant féminin en italien et quelques soli, non dénués de beauté ('Le Ali Del Falco") confèrent une certaine fraîcheur. A l'actif de cet opus, il convient ainsi de relever la performance séduisante de Marialisa, qui porte sur ses épaules cet ensemble qui ne réussit toutefois pas toujours à peindre les sombres atmosphères souhaitées par leurs auteurs.
Il est finalement dommage que Rossometile ait décidé de freiner ses velléités évolutives au profit d'un gothic metal certes de facture honnête mais qui aurait gagné à être enrichi d'arabesques progressives. Le groupe a du métier, des idées et armé de sa nouvelle chanteuse, pourrait, en laissant libre cours à une inspiration généreuse, s'imposer comme un artisan plus solide qu'il n'est déjà...