Nous avions quitté The One Armed Man, auteur avec "Black Hills" d'un compromis brillant entre blues, folk et rock. Deux ans plus tard, le groupe strasbourgeois aborde le délicat exercice du second album avec un "Paper Bird" qui risque de faire parler de lui dans le Landernau musical.
Contre-pied de l'ouvrage précédent qui rendait hommage à l'Amérique, et nous offrait une balade agréable dans les grands espaces au son des guitares et des voix féminines et masculines, "Paper Bird"choisit de se passer des interprètes féminines, et apparaît comme un album nocturne à l'instar du dernier disque du groupe espagnol Amaral, en nous proposant de visiter une maison lugubre : le jeune Toma se réveille amnésique dans une maison vide, et tente au fil de son parcours de retrouver ses souvenirs grâce à des oiseaux de papier qui donnent le titre à l'album - un concept plutôt dispensable à l'écoute et à l'appréciation de l'album.
Pour appuyer son propos, le groupe n'a cependant pas abandonné son identité blues, mais a su la marier avec d'autres influences plus rock et énergiques. Etouffant et quasi industriel, 'The Paper Bird Killer' est un concentré d'énergie pure qui explose au son de la guitare blues. 'Ecstasy', qui pourrait rappeler Iggy Pop, mélange punk et hard et 'Amnesia' installe une atmosphère faussement calme avant que la rage n'éclate en fin de piste. Le groupe s'autorise également des moments plus intimistes comme 'Whispers In The Dark', un mid-tempo avec une sulfureuse guitare et des trompettes chaleureuses, 'In The Warm Of The Sunlight', ou encore le futur single 'Love Is A Lonely Road', très chargé émotionnellement. The One Armed Man tente également quelques incursions symphoniques remarquables au son des trompettes ('Entering The Room', 'Sweet Anger' ou l'ultime piste 'The Beginning And The End'). La voix de Pierre Vasseur nous transmet toujours ces émotions à fleur de peau, d'autant plus que le chant en anglais est très inspiré (ce qui n'est pas le cas pour la grande majorité des groupes français actuels).
"Paper Bird" est assez court, mais grâce à un savant dosage entre pistes enlevées et contemplatives, l'album ne faiblit à aucun moment. The One Armed Man prouve qu'il n'est pas seulement fan de blues mais qu'il possède maintenant sa propre patte. Un groupe à suivre avec un grand intérêt !