Toothgrinder, jeune formation puissante venue des Etats-Unis, est née du bouillonnement cahoteux engendré par la vague djent. Après 3 EP, le quatuor du New Jersey semble - avec la parution de son premier album “Nocturnal Masquerade” - vouloir échapper à l’image technique accolée à cette musique.
Tout débute par 'The House (That Fear Built)', une piste gonflée d'hormones, entre guitare acoustique et rythmique épaisse qui pilonne à tout va, écrasant ainsi rapidement l'auditeur avec des métriques presque punk et une voix agressive typée hardcore. Néanmoins, s'il est possible d'être méfiant vis-à-vis d'une rondelle peut-être trop typée djent, cette entame dissout rapidement les craintes, car à la puissance pure s'ajoutent des passages épurés aux interventions de guitare captivantes et aux mélodies vocales prenantes ('I Lie In Rain'). Ainsi, les pistes se suivent sans se ressembler, proposant des soli techniques exécutés avec classe ('Diamonds for Gold'), des sections de six-cordes bluffantes qui usent de sweeping ('Schizophrebnic Jubilee'), et parfois des ambiances et des ondulations éthérées surprenantes. Par ailleurs, en guise de cerise sur le gâteau la modernité est toujours de mise, puisqu'au sein de mesures asymétriques, un synthétiseur à la coloration froide s'oppose à la guitare très chaude.
De prime abord, il serait possible d’imaginer Toothgrinder comme un énième clone de Textures. Heureusement la galette démontre rapidement que la formation n'est pas une simple caricature mimétique et égo-centrée qui n'étalerait que sa technique, mais apparaît plutôt comme un combo faiseur de refrains accrocheurs, dont le point d'orgue est la mélodie, et pour qui les émotions ne s'effacent jamais devant la maîtrise technique. Dès lors, "Nocturnal Masquerade" est un disque qui sort des sentiers battus et des boucles rythmiques asymétriques dignes de Meshuggah, une œuvre qui s'apparente à des formations telles que Promethee, et d'où l'émotion et la sensibilité suintent abondamment.