Sur leur site officiel, ils se définissent comme les cousins funky des Black Keys. Rien que ça. Le trio américain The Voodoo Fix s’est rencontré, il y a une dizaine d’années, à Los Angeles. Pour finir à Nashville aujourd’hui, où ils enregistrent leur premier album "In Deep". Nashville, un berceau créatif qui a vu éclore des pépites comme "Blonde on Blonde" de Dylan ou bien l’excellent "Icky Thump" des White Stripes. Johnny Cash a d’ailleurs tiré sa révérence là-bas. Un environnement on ne peut plus intéressant pour composer de la musique !

Malheureusement pour The Voodoo Fix, leur album sera loin de rester dans les mémoires. Clairement, l’album des Américains se scinde en deux parties : une très mauvaise et une meilleure. On sent un potentiel – mal exploité – chez le groupe. La construction de l’album n'est pas idéale avec une entrée en matière (‘Take Me Back’) carrément loupée, à la limite de l’escroquerie musicale. Heureusement, le deuxième titre nous interpelle : c’est la définition même du son funky des Black Keys. ‘Wake Up’ est un titre rafraîchissant, accrocheur et très efficace : le single de l’album. Mais le disque décline par la suite : une succession de productions incongrues agrémentées de textes simplistes et de mélodies caricaturales. On se demande si c’est la partie musicale qui plante ou bien la partie vocale. La voix de Abe Rivers, sorte de mélange cheap entre Dan Auerbach (leader des Black Keys) et Patrick Stump (la voix des Fall Out Boy) ne fonctionne pas avec le groupe. Les américains ont pourtant les outils (une voix atypique, des musiciens qualifiés) mais les utilisent à mauvais escient : cette affirmation est criante sur le trop pop ‘I Was Wrong’.

Le caractère répétitif des morceaux est désarmant, à la limite de l’insupportable. Viens alors le septième titre, ‘Sun Won’t Shine’, qui lance une deuxième partie bien plus agréable musicalement parlant. L’album s’améliore au fur et à mesure de son avancée et finit même en beauté sur le très bon et entraînant ‘Without You’.

Sans titre transcendant, sans folie, sans vraie passion non plus, Voodoo Fix ne fera sans doute pas date avec ce "In Deep" bien quelconque, mais nous livre quelques pistes intéressantes qui peuvent nourrir un potentiel encore exploitable, dans le si particulier (et ô combien complexe d’appropriation) style funky-blues rock. Encore faudrait-il songer à ne plus se comparer mais exister, ne plus copier mais créer, bref vivre le rock and roll comme il se doit. Au risque de tomber là où pas mal de groupes de rock se sont retrouvés : aux oubliettes.