La qualité de la seconde carrière de Death Angel est d’un niveau remarquable. En quatre albums, les Américains sont revenus au sommet de la pyramide thrash avec classe et élégance, et avec "The Dreams Call For Blood", le groupe était allé au bout d’une démarche violente exprimant une rage forte et colérique. Mais Death Angel saura-t-il se renouveler en évitant de tomber dans une inutile surenchère brutale avec son huitième album, "The Evil Divide ?
D’entrée la pochette frappe par sa sobriété rompant avec les couleurs très marquées des deux disques précédents. L'écoute de ces dix titres va confirmer cette impression de rupture. Death Angel calme le jeu, reste bien thrash mais aère son propos en faisant plus de place aux mélodies. Ce qui frappe à l’écoute, c’est bien la cohérence de l’ensemble, le groupe alternant passages furieux et mélodiques de manière très intelligente.
Le début démarre sur deux bonnes petites bombes thrash. ‘The Moth’ ouvre l'album de façon bien furieuse avec de bons soli et une belle intensité, mais évite la surenchère en allégeant le propos avec le chant clair du guitariste Rob Cavestany. ‘Cause For Alarm’ fait aussi mal, le titre est court et nerveux avec d’excellents riffs et des soli bien rapides. Après ce début en boulet de canon, Death Angel calme le jeu avec un superbe ‘Lost’. On y retrouve une belle mélodie et un chant plus posé rappelant les débuts du groupe.
Et ce début brillant n’est pas un feu de paille. La suite est jouissive : des titres comme ‘Father Of Lies’, ‘It Can’t Be This’ ou encore ‘The Electric Cell’ sont de savoureux moments de ce thrash teinté de heavy laissant une belle place aux mélodies. Vocalement, Mark Osegueda garde ce timbre écorché si particulier tandis que Rob et Ted Aguilar se font plaisir avec des parties techniques de haute volée. ‘Hell To Pay’, ‘Breakaway’ et ‘Hatred United, United Hate’ sont de jolis uppercuts sur lesquels les auditeurs se feront mal à la nuque, avec en prime sur le dernier un excellent solo d’Andrea Kisser de Sepultura.
"The Evil Divide" voit Death Angel refuser de stagner et continuer à avancer là où il aurait pu se contenter de vivre sur ses acquis. Après pas loin de 30 ans de carrière, le groupe reste d’une fraîcheur incroyable et signe l’un de ses meilleurs crus toutes époques confondues, et cela force le respect.