Succès commercial et artistique, "Circus Animals" (1982) laisse cependant un goût d'inachevé aux membres de Cold Chisel qui ne voient toujours pas leur notoriété décoller en dehors des frontières de l'Océanie. S'ajoutent à cette frustration des problèmes d'ego et d'autres financiers, ce qui provoque des fissures au sein du groupe qui décide de se séparer après une dernière tournée intitulée The Last Stand Tour. Steve Prestwich ayant été viré durant la tournée précédente, il est remplacé par Ray Arnott (ex Spectrum). Symbole des troubles agitant le quintet australien, "Twentieth Century" est enregistré dans des conditions instables durant les pauses plus ou moins volontaires de la tournée et avec des membres intervenant dans des studios différents pour éviter de se côtoyer.
Cette production fragmentée empêche ainsi cet opus de bénéficier d'une réelle cohérence, d'autant que Steve Prestwich est réintégré momentanément durant la tournée et intervient ainsi sur trois titres. Et pourtant, il y a là de quoi faire un excellent album qui obtiendra d'ailleurs un important succès commercial avec deux singles qui tourneront avec intensité sur les ondes radios de l'île continent : 'Saturday Night' et 'Flames Tree'. Power-ballade au refrain simple (simpliste ?) mais obsédant, le premier bénéficie de belles interventions de saxophone, alors que le second est un mid-tempo façon highway song dont l'émotion à fleur de peau transpire du chant d'un Jimmy Barnes encore une fois fabuleux.
En dehors du surprenant 'Build This Love' qui lance les hostilités dans une ambiance disco avec ses chœurs féminins et sa basse claquante, et d'un 'No Sense' aux accents reggae et à la rythmique ferroviaire, le reste des titres est essentiellement une alternance entre ballades et rock nerveux. Ces derniers se présentent souvent sous forme de rockabillies tourbillonnants et de courte durée ('Ghost Town' et son harmonica en fusion, 'Painted Doll', 'Hold Me Tight' et son refrain hyper accrocheur). Quant aux douceurs, elles se font envoûtantes et délicates, dignes de bars enfumés, qu'ils soient jazzy ('Sing To Me') ou dévolus au blues ('Janelle'). Malgré les conflits qui le minent, Cold Chisel reste capable de transmettre des émotions profondes et l'un des meilleurs exemples est probablement 'The Game' tout en urgence et à la tension palpable.
L'ensemble se termine sur le final instrumental épileptique de 'Temptation' en laissant les sentiments se partager entre les regrets d'assister au chant du cygne d'une formation en pleine désunion et le plaisir de profiter de plusieurs titres de haute volée. Il manque cependant une réelle cohérence à l'ensemble qui laisse un goût d'inachevé, d'autant que Cold Chisel prouve son talent au-dessus de la moyenne à chaque fois qu'il se donne la peine de composer de véritables pépites qui justifient à elles seules l'intérêt à porter à cet album.