Depuis "Still" paru il y a dix ans, les Suédois de Wolverine se sont calés sur un rythme de cinq années pour leur production. C'est donc cette année que le successeur du maître album "Communication Lost" nous est proposé avec l'arrivée de leur cinquième disque "Machina Viva". Peu de changement au sein de la formation hormis le remplacement du guitariste Mikael Zell par Jonas Jonsson.
Ceux qui suivent le groupe depuis le virage opéré lors de "Cold Light Of Monday" ne seront pas dépaysés par l'entame constituée de 'The Bedlam Overture', le morceau le plus long jamais composé par le groupe avec ses quinze minutes au compteur, le très electro 'Machina' et l'épuré 'Pile Of Ash' en duo voix-guitare claire (dont une version encore plus solennelle avec violoncelle est placée en fin de disque) qui perpétue un rock progressif mélancolique et sombre, agrémenté de quelques saillies métalliques dont les Suédois se sont fait les maîtres artisans. Mais le degré de finition attendu dans la beauté des harmonies, la richesse des émotions véhiculées et la pesanteur des ambiances n'est pas tout à fait à la hauteur de ce que l'on pouvait raisonnablement attendre de la suite du très réussi "Communication Lost".
Les Scandinaves retrouvent l'inspiration dès le bon 'Our Last Goodbye' qui inaugure le cœur de "Machina Viva" sous forme d'un crescendo de quatre morceaux dont le point culminant est 'Nemesis'. Chacun des quatre morceaux qui se succèdent à ce moment du disque représente le meilleur de la créativité de Wolverine dans leurs capacités à transporter l'auditeur dans des compositions puissantes ('Pledge'), aux harmonies et mélodies évolutives et déchirantes ('When The Night Comes') et aux textures instrumentales pleines de sensibilité et d'émotion ('Nemesis'). Sans amoindrir le rôle des autres musiciens, Stefan Zell se révèle encore une fois l'âme du groupe par ses prestations magistrales de bout en bout mais particulièrement dans cette partie centrale. Ce dernier porte même de sa voix et de son talent l'envoûtant morceau final 'Sheds' qui a visiblement été créé à son intention unique.
Globalement, "Machina Viva" est un bon cru sans révolution artistique de la part d'un groupe qui a su prendre des risques par le passé en se remettant en question et qui, aujourd'hui, s'est installé dans sa zone de confort. Les amateurs trouveront ce qu'ils viennent chercher dans un disque de Wolverine, sans toutefois atteindre la densité que "Communication Lost" offrait de la première à la dernière seconde.