Nul besoin d'être nombreux pour faire du bruit, ce que prouve White Miles, duo autrichien qui se partage le chant et la guitare d'un côté, celui de Medina, la batterie de l'autre, celui de Lofi, et réussit l'exploit de faire oublier l'absence de basse et de quelconques artifices. Cette simplicité, voire ce dénuement, déterminent de facto un art (forcément) dépouillé, brut de décoffrage, qui va à l'essentiel et ne s'embarrasse pas d'inutiles préliminaires.
Découvert sans doute par beaucoup alors qu'il ouvrait pour Eagles Of Death Metal, au Bataclan en novembre 2015 dans les conditions tragiques que l'on sait, le tandem livre avec "The Duel" un deuxième album à son image. Frais, énergique et direct. Cherchant à capturer la force primaire d'un rock réduit à sa plus simple expression, les Autrichiens flirtent avec le stoner tout en se frottant à un blues rugueux.
Déclinée en onze titres pour une petite quarantaine de minutes d'effluves furieusement électriques, la recette peut lasser mais s'enfile avec aisance grâce au dynamisme communicatif de cette paire de musiciens dont la complémentarité est évidente. S'il accouple parfois son organe à celui de sa partenaire ('Keep Your Trippin' Wild'), Lofi se concentre avant tout sur le socle rythmique qu'il édifie, laissant Medina cracher sa verve dans le micro.
Ceux qui s'attendent peut-être à sucer de douces mélopées en seront bien entendu pour leurs frais car la jeune femme ne saurait se confondre avec les potiches qui encombrent la scène actuellement. Avec sa crête perchée sur la tête, elle se rapproche davantage d'une Courtney Love version punk, avec laquelle le groupe n'a pas seulement partagé des concerts mais aussi le producteur Micko Larkin.
Fruit de la copulation sauvage entre Karma To Burn pour cette guitare bien grasse aux allures de dynamo fiévreuse ('In The Mirror') et Hole justement pour cette voix féminine sale et déjantée, en plus bluesy cependant ('Crazy Horse'), White Miles prend soin d'alterner décharges endiablées ( 'A Good Pennyworth', 'A(n) Garde') et saillies vicieusement rampantes qu'incarnent le rampant 'Insane The Bone' ou l'acoustique 'Coke On A Jetplane', aussi curieux que déglingué. Parfois, Medina rentre les griffes, se fait alors plus câline ('Sickly Nerves'), sans pour autant mettre en jachère sa puissance épileptique.
Bien que répétitif, "The Duel" dévoile les charmes à la fois troubles et accrocheurs d'un sympathique duo dont l'énergie à revendre compense une inspiration qui demande encore à être domptée.