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"Manquant un peu de thèmes fédérateurs, "Invention of Knowledge" n’en est pas moins une magistrale démonstration de prog old school."
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4/5
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Il est des idées qui font peur, et l’association de Jon Anderson et Roine Stolt en fait partie. On ne présente plus ces deux monstres dont la discographie pléthorique et les nombreuses collaborations font le bonheur des fans de progressif depuis près de 50 ans (!!!) pour l’aîné et plus de 40 ans pour le cadet. Et si l’annonce d’un disque commun a de quoi faire rêver, sa découverte ne s’est pas passée sans une certaine appréhension d’être déçu par le résultat : ce ne serait pas la première fois que la juxtaposition de grands talents n’accouche finalement que d’une production bien en deçà de ce que l’on espérait.
Déjà, premier bon point, la très belle pochette. On se rassure comme on peut, mais cette pochette au graphisme coloré dont la multitude de détails excite l’imagination a le même pouvoir d’évocation que celles de Roger Dean lorsqu’il œuvrait pour Yes, même si les dessins ne représentent ici ni fonds marins, ni îles flottant dans l’espace. Une impression confortée par le titre d’ouverture sur lequel s’élève lentement la voix cristalline de Jon Anderson. Le temps ne semble pas avoir de prise sur le timbre du chanteur qui à plus de 70 ans a gardé les aigus de sa jeunesse, ou presque. Passant insensiblement de l’orchestral à l’intimiste, du vivace au largo, et accompagnés par la fragilité de la voix d’Anderson, les nombreux thèmes exposés, servis par des transitions fluides, renvoient au meilleur du progressif old school.
Autant le dire tout de suite, cette entame reflète globalement le ton de l’album : la voix d’Anderson, omniprésente, constitue le fil directeur sur lequel des musiciens aussi remplis d’abnégation que techniquement impeccables élaborent un travail complexe, multipliant les couches et les enluminures. Le chant et les discrets mais très nombreux chœurs ne laissent que peu d’espace à la musique, l’impressionnante richesse des harmonies et contre-chants se manifestant plus dans l’anonymat d’un jeu orchestral que dans la lumière de solos vertigineux, aussi rares que réussis.
Ce mélange de simplicité (fil directeur du chant) et de complexité (multi-couches instrumentales) fait de cette musique quelque chose qui ressemble beaucoup plus à Yes qu’aux Flower Kings, malgré un line-up prestigieux qui compte surtout de nombreux compères de Stolt. Le fantôme de Wakeman n’est pas loin sur les accords de piano qui débutent ‘Chase and Harmony’, suivis de ces gimmicks yessiens où, après une phase orchestrale, une guitare ou un clavier solitaire lance vers les cieux des notes d’une fragilité infinie avant que le chant ne vienne s’y joindre pour relancer insensiblement une nouvelle phase orchestrale. Et comment ne pas penser à "Tales from Topographic Oceans" sur l’introduction de ‘Knowing’ ? L’influence de Stolt ne se manifeste vraiment pour la première fois que sur ‘Everybody Heals’, le thème rappelant plus les envolées lyriques des Flower Kings que celles de Yes, et le chant délaissant les boucles des chansons-comptines affectionnées par Anderson pour suivre un schéma plus classique couplet-refrain. La fusion des inspirations de Jon Anderson et de Roine Stolt s’opère réellement sur ‘Know…’ dont les thèmes transportent l’auditeur d’une mesure à l’autre de Yes aux Flower Kings pour revenir aussitôt à l’un et l’autre.
Ces mélodies solaires et raffinées qui flattent l’oreille, même si elles se révèlent assez insaisissables, et la richesse instrumentale exceptionnelle de cet album donnent l’impression que le groupe pourrait développer ainsi durant des heures ses idées sans qu’on soit lassé, dans une succession de moments tous plus agréables et convaincants les uns que les autres, donnant une impression de plénitude et d’accomplissement. Néanmoins, si tout s’écoute dans une béatitude extatique, l’absence de highlights, de moments plus intenses, finit par se faire sentir, la production n’étant peut-être pas étrangère à cette impression en rendant un son assez compact, seule la voix d’Anderson étant mixée légèrement en avant. Peut-être est-ce la rançon de la perfection, où tout est si bien pensé et exécuté qu’on est toujours au sommet mais que sans aspérité, on ne ressent pas complètement l’intensité qu’on était en droit d’espérer. Ce défaut de contraste tient aussi à une absence totale d’agressivité, de noirceur ou de dissonance. Tout est mélodieux, délicat et sans heurt, mais berce l’auditeur dans un cocon solaire où tout finit par se ressembler un peu.
Ceux qui ont besoin de thèmes fédérateurs pour pleinement apprécier un album seront sans doute un peu déçus. Pour les autres, la musique qui se déverse de "Invention of Knowledge" est un véritable baume baignant l’auditeur dans une sensation de bien-être et émoustillant ses synapses sensorielles par la multiplicité affolante de mélodies sans cesse renouvelées mais toutes aussi agréables et la technicité de musiciens modestes.
Plus d'information sur
https://www.facebook.com/thejonanderson
LISTE DES PISTES:
01. Invention of Knowledge (a. Invention – b. We Are Truth – c. Knowledge) (23:10) 02. Knowing (a. Knowing – b. Chase and Harmony) (17:45) 03. Everybody Heals (a. Everybody Heals – b. Better by Far – c. Golden Light) (13:20) 04. Know... (11:20)
FORMATION:
Jon Anderson: Chant / Claviers / Choeurs Roine Stolt: Guitares / Claviers / Dobro / Percussions / Choeurs Anja Obermayer: Invité / Choeurs Daniel Gildenlow: Invité / Choeurs Felix Lehrmann: Batterie / Invité Jonas Reingold: Basse / Invité Kristina Westas: Invité / Choeurs Lalle Larsson: Claviers / Invité Maria Rerych: Invité / Choeurs Michael Stolt: Basse / Invité Nad Sylvan: Invité / Choeurs Tom Brislin: Claviers / Invité
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(1) AVIS DES LECTEURS
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3/5 (2 avis)
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STAFF:
3.5/5 (4 avis)
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