Cela faisait près de trois ans que nous n’avions pas eu de nouvelles d’Airbag, c’est désormais chose faite avec leur quatrième album intitulé "Disconnected". Sur ses sorties précédentes, le groupe norvégien a souvent été comparé à un savant mélange de Pink Floyd et de Porcupine Tree, une fusion qui est reconduite pour cet opus, ce qui ne devrait pas décevoir ceux qui appréciaient ce style.
Côté line-up, le quintet se réduit aujourd’hui à un quatuor, le claviériste Jørgen Grüner-Hagen ne faisant plus partie du groupe, les claviers étant désormais partagés entre le chanteur Asle Tostrup et le guitariste Bjørn Riis. Il est vrai que piano et orgue n’étaient pas les instruments les plus représentatifs du son Airbag et qu’ils se contentaient souvent de jouer les toiles de fond discrètes sur lesquelles la guitare pouvait s’envoler.
Car, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le groupe, la guitare est sans conteste la pièce maîtresse des compositions d’Airbag, et "Disconnected" ne fait pas exception à cette règle. Les titres de l’album respectent peu ou prou la même structure : un rythme souvent lent qui ne dépasse jamais le mid-tempo, une ligne de basse qui ponctue discrètement de ses notes graves une partition légèrement monolithique, une batterie tout aussi discrète mais présente, un chant assez neutre qui oscille entre le désabusé et le désenchanté, le tout au service de compositions sombres et tourmentées, dont les boucles lentement évolutives, les ralentissements et les coups d’accélérateur, finissent par devenir envoûtants. Et au-dessus de la mêlée, une guitare stratosphérique et gilmourienne s’élève immanquablement à la fin de chaque titre pour emmener l’auditeur vers des espaces éthérés.
C’est sûr, l’album s’écoute avec plaisir et sans difficulté. Et si l’originalité n’est pas le fort d’Airbag, qu’un blind-test rapide pourrait facilement faire confondre avec Pink Floyd (‘Killer’ qui lorgne du côté de ‘Dogs’ et ‘Pigs’, le duo guitare acoustique/voix de ‘Broken’ inspiré de ‘Pigs in the Wing’, les passages atmosphériques et les relances de 'Disconnected' qui évoquent de nouveau 'Pigs') ou Porcupine Tree (la linéarité un peu lancinante de ‘Slave’ et ‘Sleepwalker’), il n’en demeure pas moins que ce reproche reste un simple obstacle déontologique, le plaisir étant bien là.
La vraie faiblesse de l’album tient plus à sa trop grande homogénéité qui peut par moments se transformer en une compacité un peu ennuyeuse sur certains passages poussifs. Seul ‘Returned’ et ses faux-airs de post rock sort (un peu) du lot. Comme le disait mon confrère dans sa chronique de l’album précédent, le rock d’Airbag n’a plus rien de progressif au sens donné à ce mot dans les années 70. Il s’agit plus de chansons au format étiré, entrecoupées de passages atmosphériques et de solos lumineux. Rien d’aventureux à attendre de ce disque, ce qui n’empêche pas de passer un agréable moment en sa compagnie.