Et c’est bien la passion et une volonté à toute épreuve qui ont pu faire naître "Elusive Reflections" car le parcours pour enfanter ce premier opus s’est avéré semé d’embûches du fait de l’absence d’infrastructures d’enregistrement accessibles. L’album a été conçu à la maison, dans une chambre à coucher. Pour ne pas gêner les voisins, les voix ont été enregistrées sous un parasol recouvert de draps pour atténuer la réverbération des murs. Les pistes ont ensuite été envoyées au studio Slab Sound de Lorient qui en a réalisé le mixage. Et le résultat est magnifique car au-delà de l’anecdote, ces conditions de création artisanales ont définitivement soudé le groupe dont la cohésion est prégnante sur tous les titres.

S’il ne renie pas ses origines, Persona est avant tout un vrai groupe de metal, parfois symphonique, souvent alternatif et toujours mélodique, plus proche de Lacuna Coil ou même de Metallica que de Nightwish. Les ambiances orientales sont présentes mais distillées judicieusement et avec parcimonie. Les titres courts, efficaces et imparables se succèdent sans aucun temps mort et les refrains accrocheurs nous prennent par la main pour ne plus nous lâcher. Impossible de résister à la voix sublime de Jelena Dobric qui, sur chaque morceau, nous met au défi de ne pas tomber amoureux et nous envoûte de ses textes introspectifs. Les musiciens sont impressionnants de maîtrise notamment Melik Khelifa qui enchaine les soli ravageurs, sans esbroufe mais avec des plans de shred lumineux. Alternant l’ombre (‘Forgotten’) et la lumière (‘Blinded’), les rythmiques heavy (‘Ageless’, ‘Persona’) ou thrash (‘Monsters’ et ses growls surprenants) et les ballades (‘The Sea Of Fallen Stars’), l’album est une leçon de cohérence jusque dans l’ordre des pistes dont une lecture aléatoire ne pourra qu’affaiblir la portée.