Comme son nom emprunté à ses voisins transalpins ne l'indique pas, Zirkus der Zeit est un groupe italien formé en 2009 à Gênes et auteur de deux albums, le second contenant notamment une reprise de 'Larks Tongues in Aspic' de King Crimson, une de leurs principales sources d'inspiration. Avec cette troisième livraison, le duo déclare vouloir nous embarquer dans un voyage électronique censé nous proposer sa représentation de l'espace profond (Deep Space), fait de visions cauchemardesques mais néanmoins rempli d'une myriade d'étranges couleurs.
Après une telle entrée en matière, nul doute que la musique proposée tout du long des onze plages qui composent cette galette risque de s'avérer tortueuse. Et après une 'intro' insignifiante, 'Mrs Whitehole' va très vite dévoiler la nature profonde des intentions du duo, bien loin d'une quelconque musique cosmique façon Eloy ou Ozric Tentacles : une base rythmique et harmonique répétitive, rappelant dans les moments calmes l'univers de Yann Tiersen, sur laquelle Zeffira pose un chant à la justesse avérée mais avec un timbre très direct, pas très travaillé, en décalage total avec le gros travail d'arrangement et d'accompagnement opéré à l'arrière-plan par son partenaire, multipliant les contre-chants, ceux-ci s'avérant souvent plus intéressants à écouter que les mélodies principales.
Mais loin de se cantonner à des sonorités fluettes ou symphoniques de claviers, Lorenzo Vite fait évoluer les différents titres vers des chorus bien plus chargés en électricité, renforcés par de nombreux roulements de batterie. De même, certaines mélodies simplistes vont se voir torturées par des dissonances parfois pénibles ('A Pale Blue Dot'), apportant un petit côté avant-gardiste à des compositions qui restent dans l'ensemble quelque peu pataudes. Preuves en sont la musique de cirque proposée sur 'Kudrjavka', accompagnement idéal d'un numéro d'éléphant, ou encore le drum & bass lourdingue de 'Mr. Blackhole', bizarrement tempéré par des claviers symphoniques tout en délicatesse.
Au final, loin de ses prétentions initiales, "A Shape in the Void" ne parvient pas à décoller et encore moins à passionner, bien loin de ses maîtres inspirateurs que sont notamment King Crimson. Coller quelques séquences non conventionnelles dans sa musique ne suffit hélas pas à relever le niveau de compositions par trop simplistes et monotones.