Avec leur premier album, les Suédois de Postures avaient doublement marqué les esprits. D'une part avec un style percutant aux fortes parentés avec celui pratiqué par The Mars Volta, et d'autre part grâce à la voix enchanteresse de sa chanteuse Paulina Nyström, sorte de croisement entre Anneke Van Giersbeegen et Beth Gibbons (Portishead). "Postures" n'était pas exempt de certains défauts mais la découverte laissait optimiste sur le futur de la formation. C'est avec intérêt que nous pouvons enfin poser une oreille sur le deuxième album des Scandinaves, "Halucinda".

Depuis "Postures", le groupe s'est reconfiguré avec le départ du bassiste David Petersson et du clavier Mikael Edebro au profit de deux femmes, Madeleine Sjögren et Margit Gyllspång, faisant de Postures un groupe à la parfaite parité. Sur le style pratiqué, les choses se sont stabilisées et on retrouvera une répartition équilibrée entre le rock alternatif progressif à haute énergie, dont The Mars Volta est le référentiel absolu (le début tout en éclat avec 'Halucinda' et le vintage 'Myriad Man'), et des passages plus planants et psychédéliques ('Hexa Luna', 'Every Room' ou la ballade 'A Million Sequences', qui nous rappelle, là aussi, le côté le plus doux de Mars Volta) à la forte propension à envoûter.

C'est quand Postures peaufine les reliefs de ses compositions en mélangeant ces deux modalités qu'il est le plus irrésistible, notamment avec le captivant 'In The Dark' qui, comme son nom l'indique, pose des ambiances plutôt sombres sur lesquelles la magnétique Paulina est particulièrement époustouflante. Autre exemple de cette faculté d'association, le gigantesque 'Wakemaker', tant par la longueur que par l’inspiration, montre tous les progrès effectués par le groupe depuis le débridé "Postures" dans leur capacité à imposer leur signature harmonique et à structurer une musique qui sait monter en intensité sans perdre le fil mélodique et émotionnel.

Avec "Halucinda", les Suédois se sont recentrés judicieusement sur le contenu mélodique en purgeant leurs compositions de tout le superflu, en termes d'expérimentations et de dissonances, qui pouvait rendre leur musique parfois indigeste (notamment dans 'Quakes'). En deux albums, Postures a su faire évoluer très positivement sa musique en insistant sur ses qualités et cette démarche de progression accroît encore un peu plus l'intérêt que l'on porte à cette formation au fort potentiel.