C’est dans le mythique studio Hansa (à Berlin) - là où Bowie, Iggy Pop ou encore Nick Cave ont laissé leur empreinte - que Travis enregistre son nouvel album "Everything at Once". 19 ans et 7 albums après leur première production "Good Feeling" (1997), le quatuor écossais nous présente un nouveau volet efficace, mais sans génie.
En effet, assuré par la production incongrue de Michael Ilbert (qui a produit Katy Perry, Avril Lavigne et même … Céline Dion !), le retour des Ecossais ne fera pas date. Et c’est tout le monde de la britpop qui s’en trouve attristé : après le come-back des Libertines en dents de scie l’année dernière, Travis perpétue le déclin du genre initié par Paul Weller à sa façon. Après Coldplay, Keane et consorts, le genre un temps si glorieux (Blur, Babyshambles, Arctic Monkeys) semble déchanter et tomber dans la "marmite" commerciale… Un débat de fond ne manquera pas de s’installer quant au rôle croissant du producteur, bridant quelque peu la fibre artistique. La patte de Nigel Godrich (producteur de Radiohead, qui a produit les premiers albums du groupe écossais) manque cruellement à Travis depuis quelques temps… Mais peut être que ce dernier est sûrement trop occupé à produire les nouveaux albums des Red Hot Chili Peppers et de Radiohead (on le comprend).
La belle allure globale de l’album ne parvient cependant pas à faire sortir du lot des titres majeurs. Au-delà des mélodies finalement sans grande ambition, on notera surtout le manque de cohérence dans l’enchaînement des dix chansons présentes sur cet opus. Au planant (presque radioheadesque) ‘All Of The Places ‘, succède, sans raison, un ‘Idlewild’ country-folk. On est loin de l’époque brillante de ‘U16 Girls’ ou encore ‘Why Does It Always Rain On Me’.
Alors oui, cet album va vendre, parce qu’il est efficace (‘Paralyzed’, ‘3 Miles High’) mais sans réelle recherche musicale. Heureusement, la voix envoûtante de Francis Healy contribue à la qualité de l’album : on retiendra notamment le bon ‘Strangers On A Train’.
On peut finalement en conclure que c’est la production qui pêche plutôt que le groupe en lui-même. Certes, cet album va pourvoir des tubes pop-rock calibrés pour la FM. Mais ces titres sont des micro-hymnes sans identité propre, sans vraie construction, sans magie, sans passion. Aujourd’hui, c’est ce qu’il manque cruellement à n’importe quel groupe digne d’endosser le costume de représentant de la britpop.