Corrosive Elements est une formation hexagonale dans laquelle bourgeonne une noirceur profonde, mais aussi la sève de la jeunesse enragée entre thrash, death et black. Le groupe construit une musique sombre et violente, à l'image de la pochette qui présente le grand ancien Cthulhu, dévoreur d'univers, qui terrasse tout sur son passage, et ici accessoirement écrase les hommes comme de simples fétus de paille. Les références aux écrits de Lovecraft ne sont pas si loin.
Nous sommes dès le début submergés par une déferlante de poisse sombre, froide et épaisse comme l'espace intersidéral : épaisseur de la guitare, chant crasseux et infâme gorgé de bile et d'humeurs infectes, sursauts épileptiques de batterie ronflante et trépidante. Toutefois la basse est loin des stéréotypes que l'on peut imaginer dans une formation death, car elle slappe et claque à tout va quand bon lui semble.
Corrosive Elements délivre une dose de violence nécessaire qui réjouira l'amateur de malignité ondulatoire. 'Burn The Preachers' débute sous les meilleurs auspices : le riff est dans la droite ligne des groupes death venus du froid, la voix entonne une litanie satanique et crie sa rage, la batterie au son mortuaire et sec délivre des rythmes puissants, quant à la basse elle claque et explose ainsi de mille feux, puis la guitare solitaire lance des soubresauts éjaculatoires vifs et perçants entre phrases mélodiques et enharmoniques. 'Destructive Cult' enfonce le clou avec plus de violence, car le blast initial nous écrase alors que la voix se fait plus caverneuse. Cette dernière présente une facette plus death où la rythmique à cent à l'heure et les giclées de six-cordes contrastent avec l'horreur et la crasse précédente.
Comme dans le bon vieux Death historique, la lourdeur est souvent de mise et nous entraîne en une chute vertigineuse, vers une plongée toujours plus oldschool, toujours plus violente, que le groupe ne saurait renier ('He Dwells in The Abyss'), nous crucifie par des riffs plombés, nous immerge dans le bain jouissif rapide et nerveux d'un thrash des familles où la vitesse sidérale règne ('Toxic Waste Blues').
"Toxic Waste Blues" est une sorte de blues hyper contemporain issu d'un delta crasseux, habité de cadavres en décomposition, infesté de zombies décharnés et gorgé d'émanations verdâtres et âcres. Corrosive Elements navigue sur ce delta corrompu avec des partitions aussi dérangeantes, qu'enivrantes. Le groupe s'extirpe aisément de la fange souilée du death bas de plafond ou simplement gore, pour nous vomir au visage des vibrations morbides aux multiples facettes où la violence, les harmonies atonales et les rythmiques pachydermiques sont au rendez-vous. Corrosive Elements mérite donc d'être découvert, car finalement les bons groupes de death "à la française" ne sont pas légion.