Contrairement à ce que leur patronyme pourrait laisser supposer, les musiciens de Thomas Howard Memorial ne nous viennent pas des lointaines Amériques mais de la plus proche Armorique, de Guingamp pour être précis. Le nom du groupe leur a été inspiré par un personnage joué par Brad Pitt dans "L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" (Thomas Howard étant l’un des pseudonymes pris par le célèbre hors-la-loi durant sa sinistre carrière), la musique jouée en concert à leurs débuts ayant paraît-il une ambiance western, dixit l’un des membres du groupe.
Pour ce premier album (THM n’avait jusqu’à présent à son actif que 2 EP parus en 2011 et 2012), le côté western a totalement disparu. La musique de THM flirte plutôt avec un post rock raccourci au format chanson, sans les longs développements souvent associés au genre, et qui n’en garde que les atmosphères tristes et fuligineuses. Le propos n’est pas ici de trouver le refrain qu’on reprend à tue-tête ni d’épater l’auditeur à grands coups de solos vertigineux, mais bien de créer une ambiance à petites doses de mélodies lancinantes, de riffs répétitifs, de discrètes nappes de claviers.
Un objectif parfaitement atteint avec ces neuf titres qui suintent la mélancolie et un certain désabusement. Les guitares, souvent en avant, rendent un son clair et métallique, contrairement à la section rythmique qui résonne sourdement, contribuant ainsi à distiller une inquiétude diffuse. Les claviers, plutôt discrets, évoluent en nappes ouateuses semblant issues du "More" des Pink Floyd (‘Alive’). Le chant, dépassionné, joue avec notre sensibilité, la voix presque blanche renforçant la tristesse ambiante, d’autant plus efficace lorsqu’elle monte dans des aigus fragiles.
Certes, l’album n’évite pas totalement l’écueil souvent rencontré par les musiques teintées de post rock ou atmosphériques, cette linéarité propre au genre, indispensable pour immerger l’auditeur dans le climat souhaité mais qui, mal dosée, peut conduire à l’ennui. Rien de grave en ce qui concerne THM, juste une légère impression parfois de tourner un peu en rond (‘Bad Things’, ‘Eradicated Song’) sans pour autant qu’une lassitude durable ne s’installe. Ces petites baisses de régime étant largement compensées par de franches réussites : ‘Rupture’ et son petit air d’Astronomy Domine’, ‘In Lake’ aussi lumineux que squelettique, ou le sombre et mortifère ‘Six Feet Under’.
Si vous aimez les atmosphères mélancoliques et dépouillées à la Aaron, à la Mercury Rev ou que "Seventeen Seconds" de The Cure est votre disque de chevet, si le post rock vous attire mais que ses trop longues montées en puissance vous ennuient, "In Lake" devrait trouver sans difficulté une place de choix dans votre discothèque.