La musique de Basement Saints sent le houblon et la fumée des pubs comme si une faille spatio-temporelle avait déplacé le lit du Mississipi jusqu’au versant helvète des Alpes. Tels des Robert Johnson des temps modernes, les musiciens, avec leurs gueules d’ange et une moyenne d’âge d’à peine vingt-cinq ans, semblent avoir vendu leurs âmes au démon du groove.

Cet album surprend d’emblée par un mélange réjouissant de jeunesse et de maturité, et réussit le tour de force d’insuffler fraîcheur et vitalité à une musique dont les influences se situent plutôt dans les années soixante. Que ce soit dans la composition ou l’exécution, les titres se succèdent sans temps mort ni baisse d’inspiration, font la part belle aux riffs blues rock évoquant Humble Pie ou Rory Gallagher (‘Red Wine’, ‘Revolution’, ‘Jeans’, ‘Apple Tree’) et s’approchent de l’excellence sur des rythmes plus lents comme les très beaux ‘Third Eye’ et ‘Valhalla’.

Certains groupes emportent l’adhésion presque instantanément. Non pas qu’ils jouent mieux que les autres mais ils ont ce feeling et ce supplément d’âme qui touchent directement au cœur. Basement Saints est de ceux-là, grâce notamment à la voix légèrement rauque de Anton Delen et au jeu de guitare lumineux et aérien de Tobias Arn qui fait oublier le seul point faible du groupe : celui d’être exempt de bassiste.