Ivory est un groupe originaire de Turin jouant (selon ses propres
dires) une musique naviguant entre hard mélodique, metal et
progressif, inspirée aussi bien par Mötley Crüe qu'Iron Maiden, en
passant par Dream Theater. C'est toutefois principalement du rock
mélodique que nous retrouvons en écoutant "A Moment, A Place And A
Reason", nouvelle galette de la formation italienne, même si quelques
passages rappellent effectivement de loin les premiers opus de la
vierge de fer.
Et le moins qu'on puisse dire est que cela ne démarre pas sous les
meilleurs auspices : 'Bad News' est une chanson brouillonne aux
cassures rythmiques pas très heureuses, le tout couronné par un
chant parfois limite. 'The Hawk' fera un tout petit mieux grâce à un
Bruccoleri plus posé vocalement et une jolie mélodie de guitare,
même si c'est encore loin d'être renversant. 'Feeling Alive' fait encore monter le niveau d'un cran en balançant le premier bon refrain de
ce disque, et nous permet donc de croire que la suite sera du même
acabit. Malheureusement, 'Who Am I' retombe dans les travers du début,
le morceau est à peine sauvé par son solo (ce point est d'ailleurs
le seul véritable motif de satisfaction du disque), et il devient
alors difficile de ne pas décrocher... Ivory se permet également de
reprendre le planétaire 'Come Together' des Beatles, exercice ô
combien délicat, même les plus grands s'y cassant parfois les
dents... Pas de surprise, la bande en fait une interprétation à
l'image du reste de l'album : lourdingue et peu inspirée.
Car voilà le véritable problème d' "A Moment, A Place And A Reason" :
s'il est possible de pardonner facilement à certains groupes un
manque d'originalité quand il est compensé par un sens de la
composition et une accroche incontestables, il devient délicat de
s'en sortir lorsque la musique pratiquée manque en plus de finesse
et de nuances (surtout quand le but est de jouer du hard rock
mélodique...). Si la ballade 'Take A Ride' passe encore, comment ne
pas grincer des dents en entendant des titres comme 'Blues For Fools' (écoutez-donc le clavier kitsch au possible sur la fin du titre...)
ou piquer du nez sur la (beaucoup trop) longue 'Through Gloria's Eyes' ?
Les rares bonnes idées sont presque toujours gâchées par un
passage vocal irritant ou une production déséquilibrée.
Finalement, le meilleur moment sera à chercher du côté de
l'instrumental 'A Drink At The Village', jolie transition acoustique
tout en retenue, mais avec 1'09' au compteur, la joie est de courte
durée... Reste un guitariste talentueux ('Inner Breath' possède au passage des
parties solo vraiment très belles), et quelques fulgurances
permettant d'espérer mieux pour la suite. Pour l'heure, "A Moment, A
Place And A Reason" est bien trop bancal pour être considéré comme
une réussite.