Comme son nom l'indique, le Pitts Minnemann Project est né de la rencontre de deux musiciens, le claviériste Jimmy Pitts et le batteur Marco Minnemann. Les deux, butinant tels des insectes boulimiques, ont en commun un riche passé né de multiples participations. De leur collaboration est déjà né un premier album, "2L82B Normal", une mosaïque peu conventionnelle mixant jazz, metal et musique expérimentale.
Il est des disques qui sortent le chroniqueur de sa zone de confort. "The Psychic Planetarium" est de ceux-là, car les repères mélodiques et rythmiques sont difficiles à cerner. L'auditeur ne pourra qu'être impressionné par la qualité technique du travail présenté, chacun des musiciens du quatuor se mettant en évidence avec un brio indéniable, de même pour les invités au violon ou au sax.
Maintenant parlons musique, après tout nous sommes sur Music Waves, pas sur Technic Waves !
Si l'art de la musique consiste à assembler des sons pour produire une émotion chez l'auditeur, force est de constater que cette émotion est cruellement absente de ce "Psychic Planetarium ". Basés sur des constructions jazz par la liberté qu'il offre au soliste, développant donc un style de fusion moderne soutenu par une rythmique tendue, la guitare s'autorisant des sonorités assez metal, les morceaux semblent n'avoir pour unique propos que de démontrer la virtuosité des exécutants. Ce concours de triples croches devient rapidement assommant, car l'auditeur a bien du mal à se raccrocher à des continuités mélodiques ou des rappels de thème qui seraient à même de stimuler l'attention.
Cette impression de stérilité culmine avec le morceau éponyme, dont les 24 minutes laissent l'auditeur décontenancé et épuisé. C'est un parcours du combattant que ces athlètes instrumentaux ont sûrement été contents de terminer mais auquel le spectateur reste étranger : où est le partage ?
Jimmy Pitts et Marco Minnemann ont ainsi réussi à livrer un opus remarquablement technique et remarquablement ennuyeux, dont l'écoute peut se révéler aussi émotionnelle qu'une opération chirurgicale brillamment réussie. À réserver aux dissecteurs anhédoniques* des compositions musicales
(*)anhédonie : incapacité à éprouver du plaisir.