Groupe portugais originaire de Setubal, Esfera nous propose un premier album conceptuel autour du thème de la folie et des couleurs et émotions qui en résultent, le tout étant décrit par ses auteurs comme une collection de huit titres aux paysages sonores et influences très variés.
L'album débute par une pièce en deux parties ('Magnificence') qui va très vite dévoiler les perspectives musicales développées par Esfera tout au long de la galette : après une entame atmosphérique portée par des guitares claires réverbérées comme il faut, l'arrivée du premier refrain se traduit par un durcissement subit du propos. Guitare agressive, batterie placée très en avant et chant puissant forçant dans les aigus, la transition est quelque peu brutale. Ce sera cependant une des marques de fabrique du groupe que l'on retrouvera sur la majorité des titres, y compris sur le banal rock carré de 'White' dont l'évolution en milieu de plage reste très surprenante.
L'autre caractéristique des compositions d'Esfera concerne le critère mélodique qui en déroutera plus d'un. Pour ma part, il m'a été impossible tout au long des multiples écoutes de "All the Colours of Madness" d'accrocher à l'une ou l'autre des différentes mélodies, tant les changements de ligne musicale ou de tonalité s'avèrent incohérents pour mes oreilles. D'aucuns y trouveront peut-être matière à débat, mais pour ce qui me concerne, cela participe à un certain rejet de cet album, impression renforcée par le timbre de Nuno Aleluia, ce dernier prenant visiblement un malin plaisir à salir du mieux possible sa voix, quand il ne chante pas carrément faux ('White' et ses voix doublées).
Enfin, comment ne pas évoquer la batterie, dont le titulaire du poste en rajoute des tonnes, complexifiant outre mesure des titres qui mériteraient un peu plus de respiration, et se mettant de surcroît beaucoup trop en avant au détriment des autres instruments. Ceux-ci se rattrapent alors dans les chorus puissants, ces derniers tournant alors rapidement au magma sonore.
Pour conclure cette chronique, je dois très honnêtement avouer au lecteur que cet album me laisse dubitatif. Malgré de nombreuses écoutes, impossible pour moi de prendre le moindre plaisir, de trouver une quelconque émotion dans ces huit compositions. Outre le problème sur la forme décrit précédemment, c'est plutôt une question de fond qui me pose problème : où est donc la diversité décrite par ses géniteurs ? Où sont les différentes couleurs musicales associées au concept ? Je n'y ai pour ma part "vu" qu'une certaine uniformité, proposée dans un style musical qui ne m'a guère enthousiasmé.