Jeune groupe qui nous vient du Danemark, Defecto sort son premier album intitulé "Excluded". Evoluant dans un metal rugueux et mélodique, le quatuor a l'air de savoir ce qu'il fait. Il s'articule autour de la technicité de Frederik Duus Moller, par ailleurs guitariste de The Frances Desire et de la voix puissante de Nicklas Sonne qui vient d'intégrer Malrun.
Dès l'entrée en matière, la claque n'est pas loin pour peu qu'on se laisse porter par les riffs rageurs, la voix à la fois volontaire qui alterne rugosité et mélodie et les rythmes endiablés. C'est en effet un déluge de notes, un mur de son jouissif qui s'impose à nous. 'Excluded', dont le clip évoque le sentiment d'exclusion d'un enfant face aux disputes incessantes de ses parents, met les pieds dans le plat. Moller a sans doute puisé son inspiration auprès d'artistes comme Michael Romeo (Symphony X) ou John Petrucci (Dream Theater) pour dégager une telle aisance technique et une si grande mobilité dans son jeu. Ses rythmiques acérées et ses solos virtuoses sont convaincants. Ils ont même l'élégance d'éviter la démonstration stérile.
'You Had It Coming' est un séduisant morceau de metal progressif dans lequel les Danois n'hésitent pas à introduire des sonorités plus alternatives qui laissent quelques vocalises death apparaître ici ou là. Dans les mêmes tonalités, 'Drifting Into Blackness' approfondit un registre inquiétant et symphonique qui rappelle Adagio, une pure réussite entêtante. Même si aucun claviériste n'est mentionné dans la biographie du groupe, le piano et autres effets synthétiques ou orchestrations sont loin d'être absents. La ballade 'The Final Transition' n'en est qu'une simple illustration. L'album s'achève sur 'The Sands Of Time' qui se présente comme une ballade dont le break instrumental serait un black metal à la sauce Dream Theater, un régal. Ainsi les titres voguent du speed mélodique au prog nerveux en passant par diverses couleurs plus ou moins vives, parfois franchement sombres, sans jamais perdre de vue la mélodie.
Les quatre musiciens assurent une grande cohérence dans un style finalement assez caractéristique même s'il n'est pas à même de dérouter grand monde. Ils sont surtout tous talentueux. Nicklas Sonne est éblouissant, à la guitare rythmique mais surtout grâce à sa voix relativement variée, qui mêle superbement hargne et mélodie. Il emprunte à la fois à Russel Allen et à Jeff Scott Soto ou encore à Mikael Akerfeldt par moments. 'Sovereign', dont le clip n'est pas dénué d'humour, est l'occasion d'un somptueux solo de basse, tandis que 'Into Oblivion' est une réussite sur tous les plans avec son couplet posé au chant légèrement éthéré et aux rythmiques originales et son refrain terriblement efficace. Le morceau le plus surprenant et le plus progressif de l'album.
Defecto frappe un grand coup avec ce premier effort à la fois facile d'accès et doté d'une personnalité propre, servie par des musiciens en or. La production de Flemming Rasmussen (producteur de Metallica) met parfaitement en valeur ce groupe qu'il faudra suivre de très près.