Après un premier opus "Sobres et en Sourdine" paru en 2014, les Niortais, persuadés d’être une groupe de scène incontournable, nous infligent un album live "Sans Modération" censé préparer leur futur enregistrement studio prévu pour cette année. Musicalement, les Haricots Electriques jouent un hard rock garage teinté de punk qui se veut festif et humoristique. Capté dans des conditions artisanales sans doute directement à la console, l’enregistrement frise malheureusement souvent l’amateurisme sur toutes les pistes, entrecoupées de monologues aussi nombreux qu’inutiles nous exhortant plus d’une fois à "péter une durite"... Cela pourrait être sympathique voire touchant si les nombreuses faussetés du chant et les riffs poussifs ne rendaient le tout très irritant transformant le chili en ragoût indigeste. De plus, les soli de guitare crispés sont desservis par une section rythmique indigente et sous-mixée, l’absence d’un second guitariste rythmique laissant souvent seule au monde la guitare lead appliquée mais empruntée.

Quant aux textes, si de nombreux auditeurs regrettent que les groupes de rock français chantent en anglais et négligent la langue de Molière, ils risquent fort de réviser leur jugement à l’écoute des paroles des Electric Beans qui pourraient faire passer les Elmer Food Beat pour des poètes surréalistes hilarants. Les thèmes abordés se veulent réalistes mais sont le plus souvent dépourvus de second degré et plutôt convenus allant de la satire de la société de consommation (‘Supermarché’) à la critique des réseaux sociaux (‘J’ai perdu mon téléphone’) en passant par des leçons de morales assénées à la jeunesse censée écouter de la mauvaise musique (‘What The Hell’). N’est pas Renaud qui veut, et force est de constater que l’humour pourtant revendiqué tombe à plat la plupart du temps, l’ultime palier du mauvais goût étant franchi avec la chanson ‘Jeudi’, pastiche de ‘Jodie’ des Innocents qui n’en demandaient pas tant : "Jeudi c’est là que tu reprends…le pâté, le pinard, les pizzas surgelés et les omelettes au lard". N’en jetez plus, la cour est pleine ! Seuls les morceaux les plus sérieux, ‘Interdit bancaire’ et ‘Jack’ (l’éventreur), rehaussent un peu le niveau mais sont noyés dans la médiocrité générale.