Jerry Marotta garde de sa participation à trois albums de Peter Gabriel ("II", "III" et "IV") une lancinante nostalgie et une admiration immodérée pour les prestations du Maître. Aussi s’est-il mis en tête de faire revivre cette époque au travers d’une cover-band du nom de Security Project, surnom américain donné au quatrième album solo de Gabriel, et qui s’attache à restituer le plus fidèlement possible les prestations live de l’Archange au début de sa carrière solo, soit entre 1974 et 1982 (ici avec une exception, le "Of These, Hope" qui date de 1989 et qui a servi de BO à "La Dernière Tentation du Christ" de Martin Scorcese).
Pour ce faire, il s’est adjoint les services de Michael Cozzi à la guitare, de David Jameson aux claviers, de Trey Gunn (ex-King Crimson) à la warr guitar et du chanteur Brian Cummins, membre du Genesis tribute band The Carpet Crawlers, et nous livre ainsi un premier témoignage live dans le bien nommé "Live 1".
Le résultat est bluffant de réalisme : Security Project œuvre bien dans un cover de haut de gamme, qui restitue avec le plus d’exactitude possible la moindre inflexion des morceaux originaux - à ne pas confondre avec le tribute band qui cherche plutôt à réinterpréter les partitions, ce que le groupe ne fera ici que dans un 'Here Comes the Flood' à l’entame beaucoup plus intimiste que l’original.
Pour le reste, le groupe colle avec maestria aux versions gabrielliennes : même tempi, mêmes tonalités, quasiment les mêmes sonorités instrumentales (notamment sur les percussions, élément importantissime du son chez Peter) et surtout un chanteur au timbre et aux inflexions étonnamment proches de son modèle, et s’engageant avec un belle ardeur. L’esprit d’origine est donc on ne peut plus fidèle au modèle de départ et la production plus moderne apporte un plus au dynamisme et à la profondeur de l’ensemble.
"Live 1" apparaît donc comme une belle compilation du début de la période solo de Peter Gabriel, avec en bonus un 'Back in NYC' issu du plus gabriellien des albums de Genesis. Il reste permis de s’interroger sur l’intérêt de cette captation qui n’apporte rien de plus à l’auditeur qu'il ne connaisse déjà, mais qui permettra aux éventuels spectateurs de ressentir quasiment les mêmes émotions que dans les productions d’origine : c’est ce que fait un Musical Box avec Genesis, pour le plus grand bonheur des nostalgiques.