Nous vous l’avions promis : quelques semaines à peine après la sortie de "Stone & Steel", témoignage live en Blu-ray et CD de leurs répétitions dans les studios de Peter Gabriel en 2014, Big Big Train revient avec un album studio flambant neuf, "Folklore". Cet disque est le neuvième album du groupe, avec un line-up d’une stabilité exemplaire depuis 2009 et "The Underfall Yard". Non seulement les titulaires ne désertent pas le groupe, mais son effectif grossit petit à petit de membres qui d’invités passent au statut de permanents. Après l’incorporation de Danny Manners sur le diptyque "English Electric", c’est au tour de Rachel Hall (violon), qui était également présente sur "English Electric" 1 et 2, et Rikard Sjöblom, l’excentrique chanteur et claviériste de Beardfish, de rejoindre Big Big Train, portant le nombre de ses musiciens à huit.
Un effectif d’autant plus impressionnant que la plupart des protagonistes se pique d’être multi-instrumentiste et que, fidèle à ses habitudes, il se renforce d’une section de cordes et d’un quintet de cuivres. Voilà de quoi donner du corps au style dont Big Big Train est devenu au fil des années l’un des représentants les plus crédibles. Si vous êtes un adepte du rock progressif à tendance symphonique, ne cherchez pas plus loin : vous avez trouvé votre bonheur.
Car Big Big Train fait, une fois de plus, la démonstration de son talent incommensurable dans une démonstration impeccable de ce qu’est le rock progressif. Tout y est : changements de thèmes, de tempos, de nuances, rythmes impairs, alternance de tutti, de duos, de solos, de passages chantés et instrumentaux, mélange d’instruments électriques (dont l’inévitable orgue Hammond) et acoustiques, références au classique, à la world music, au folklore celtique, au jazz… Le "rock progressif pour les nuls" décliné en une petite heure qu’on ne voit pas passer, sans moment faible, des folks tribaux de ‘Folklore’ et ‘Waissail’ aux deux longues suites archétypales que sont ‘London Plane’ et ‘Brooklands’ au fil rouge fédérateur (‘I’m a Lucky Man’), en passant par l’énergique ‘Winkie’ ou le court mais prenant ‘Salisbury Giant’.
S’il fallait émettre une réserve, la critique principale porterait sur un léger déficit d’empathie : tout est très beau, très agréable, mais manque un peu d’âme, la faute peut-être au chant de David Longdon, certes juste et solide mais jamais poignant. Par ailleurs, l’album n’apporte pas de véritable surprise, Big Big Train continuant à faire (très bien) du Big Big Train. Cela ne suffit toutefois pas à gâcher le plaisir qu’on prend à écouter des mélodies somptueuses aux riches arrangements et jouées par des musiciens accomplis.
"Folklore" s’affirme en digne successeur des "English Electric", tout aussi varié, symphonique et captivant. Et comme pour tout bon disque de progressif, chaque nouvelle écoute permet de découvrir des détails jusqu’alors passés inaperçus et de générer un plaisir allant croissant.