Guitariste de Izz depuis vingt ans, Paul Bremner nous gratifie de son deuxième album solo, douze ans après "Wombsong". Si "The Witness" a bien été entièrement composé par le six-cordiste, les membres du groupe new-yorkais au grand complet sont pourtant venus épauler leur ami pour la réalisation de l’album, et le line-up est donc bien celui de Izz.
Même s’il n’est en aucun cas un shredder, Paul Bremner est un guitariste doué au jeu sensible et mélodique dans la lignée de David Gilmour ou Steve Rothery. Ainsi les solos, tantôt jazzy tantôt aériens, de chaque titre de l’album sont composés et joués avec feeling, sensibilité et inspiration.
Musicalement et jusque dans les arrangements, "The Witness" est une madeleine proustienne pour tous les amateurs de rock progressif du début des années 80, de celui qui fut baptisé néo-prog même si dans ce cas précis le préfixe peut prêter à sourire tant l’ambiance de l’opus est surannée. Le titre le plus emblématique de ce revival eighties est la longue pièce de plus de vingt minutes intitulée ‘Last Exit Before Toll’. Ce morceau en cinq parties racontant une expérience de mort imminente après un accident de voiture est un concentré des influences de Pendragon ou Marillion première époque, tant au niveau du son (notamment l’utilisation de l’orgue Hammond) que de l’enregistrement de la batterie. Heureusement les trois chanteurs de Izz, Tom Galgano, Anmarie Byrnes et Laura Meade, insufflent un peu de modernité à l’ensemble.
Mis à part ‘Vistas’ et ‘The Witness’ tout à fait dans l’esprit de la musique de Izz, le reste de l’album est très varié et alterne le meilleur, comme la magnifique ballade acoustique ‘Warm’ et les rythmiques jazz funk groovy de 'Are You Ooh Yah ?’ et ‘No Remorse’ mais aussi le pire à l’instar des titres pop sirupeux que sont ‘Lost In A Memory’ et ‘Sad’ malgré son très beau solo. De plus, les influences du guitariste tournent parfois à l’emprunt voire au plagiat. Ainsi ‘Pilot Fish’ aurait très bien pu être composé par Pink Floyd, et les premiers accords de ‘From Here I Can See The Horizon’ pourraient sans peine introduire la voix de Phil Collins chantant ‘In The Air Tonight’.
Malgré tout, "The Witness" est un album attachant de par justement son côté daté et démodé, et les amateurs de rock progressif éprouveront sans doute un plaisir coupable ou au contraire assumé à l’écoute de ces soixante-dix minutes foisonnantes mais immédiatement accessibles.