Après la parution de "Sanctuary", magnifique album permettant à Rob Reed de rendre un hommage plus qu'appuyé à l'un de ses maîtres musicaux, il semblait que l'aventure allait s'arrêter là. Or, deux années plus tard, la tête pensante de Magenta remet le couvert et pour mieux appuyer son propos, s'entoure carrément des collaborateurs de Mike Oldfield.
C'est de nouveau Tom Newman, le producteur historique, qui, au-delà de sa participation percutante consistant à taper sur un bodhran, va produire ce deuxième volet, et même proposer son propre mix sur le CD bonus de l'édition limitée. Mais c'est un autre ancien que Rob Reed va exhumer, en la personne du flûtiste Les Penning, celui qui jouait sur "Ommadawn", mais également sur l'intemporel 'Portsmouth'. Cerise sur le gâteau, et c'est là la principale nouveauté de ce deuxième "Sanctuary", Rob Reed a ajouté à sa panoplie d'instruments la batterie, tenue par celui qui nous a régalé sur la trilogie "Crises/Discovery/Islands", à savoir Simon Phillips. Cet apport donne un côté plus tonique dans les passages où il apparaît et casse un peu le côté pastoral présent une nouvelle fois tout du long des compositions.
Car pour le reste, Rob Reed a repris les mêmes ingrédients que pour sa précédente production. Un découpage vinylique en deux longues plages d'une vingtaine de minutes, une multitude d'instruments électriques et traditionnels qui forment un ensemble de couches qui se superposent les unes aux autres, et une évocation très marquée des albums du Maître, une nouvelle fois candidats à un blind test quasi-permanent. Le familier des productions de Mike Oldfield entendra ainsi très régulièrement dans la première partie les quatre albums de sa période dorée, avec notamment un passage évocateur d'"Incantations" mixé sur un fond de basse hérité quant à lui de "Platinum".
Un peu plus loin, ce sont quelques sonorités issues de "Tubular Bells II" que l'on retrouve, mais l'ensemble reste marqué par cette fameuse tétralogie. Ce qui n'empêche pas cette première partie de développer des thèmes originaux qui s'enchaînent tous avec une fluidité étonnante compte tenu de l'exercice.
Mais, comme dans les productions oldfieldiennes, la deuxième partie démarre plus en douceur et emprunte des chemins un peu plus tortueux, avec des thèmes qui s'emboîtent un peu moins les uns dans les autres, laissant une impression plus mitigée. Jusqu'au passage intitulé 'Marimba', que l'on retrouve d'ailleurs sous forme de single dans le CD bonus, qui redonne immédiatement un regain d'intérêt qui nous accompagnera jusqu'à la fin.
Forte d'un deuxième CD, la version "limitée" va s'avérer indispensable par le contenu de cette deuxième galette, qu'on en juge. On commence par deux petits instrumentaux inédits, avant un petit bijou folk servie par Les Penning, digne des fameux instrumentaux des années 70 de Mike Oldfield. S'ensuivent le fameux 'Marimba' en version single, décliné également en un mix electro-lounge façon Chimpan A, puis une version alternative du début et de la fin de la part 2, avant le plat de résistance constitué par le mix de Tom Newman des deux plages. Où l'on voit tout le travail qui peut être effectué avant de proposer une vision définitive d'un album, cette version apportant bon nombre de différences par rapport à celle gravée sur la première galette.
Au final, là où l'on pouvait craindre une certaine redite après un "Sanctuary I" de haute tenue, ce deuxième volet proposé par Rob Reed s'inscrit dans la continuité, apportant toutefois son petit lot de différences, et surtout un excellent disque bonus, qui rendent son écoute hautement recommandable.