La (re)formation de ce duo a donné lieu à des communiqués de presse quelque peu… dithyrambiques. Il faut être honnête : derrière Icon (le nom du projet, plus que le titre de l'album) se cache ni plus ni moins qu'un nouvel album solo de John Wetton, auquel a plus ou moins participé Geoffrey Downes. De là à nous vendre le résultat comme un nouvel album du Asia des débuts, il n'y avait qu'un pas… qu'on a franchi.
Or, Icon, même s'il a de toute évidence des points commun avec Asia (et pour cause : les deux compositeurs principaux d'Asia étaient effectivement Wetton et Downes), demeure relativement éloigné du style rencontré sur le premier album du groupe. Sans Howe et Palmer, et surtout avec l'âge, Wetton et Downes nous délivrent un opus très sympathique. Très mélodique et accrocheur, soigneusement orchestré, l'album ne s'avère cependant pas très énergique ni progressif, même si le premier véritable morceau "Let me go" a une bonne pêche, une fois passée l'intro symphonique. Ceci dit, dès le second titre, "God walks with us", on a affaire à une ballade (ou plutôt un hymne majestueux, classicisant et magnifique au demeurant) très proche de "Rock of faith" sur le précédent album de Wetton qui porte le même nom. On repart vers un rythme plus enlevé (martelé) avec "I stand alone" et son orgue imposant en intro, sa profusion de claviers et son thème encore une fois majestueux (par contre je n'ai pas trop entendu les chœurs d'Annie Haslam sur le morceau !). Puis c'est l'apaisement total avec le court duo piano électronique/voix de "meet me at midnight"… Allez, on se remue un peu plus sur les couplets de nouveau martelés de "Josephine" (Wetton en a eu, des copines !), un titre dont le refrain est plus calme. Et dès la piste suivante, "Far away", c'est reparti pour une ballade !
L'album est ainsi une suite alternée de titres enlevés (mais pas très rock, vous l'avez compris) et de ballades qui varient un peu (toutes plus belles les unes que les autres - certains diront "mièvres", évidemment). Et encore ! Les trois derniers titres sont des ballades ! Si vous aimez cet aspect de Wetton, vous serez probablement très heureux car après tout, on a là un paquet de très bonnes mélodies, romantiques en diable. La dernière pièce, "In the end", est à posséder absolument car sur ce morceau plutôt mélancolique, Wetton chante en duo avec le "rossignol du rock progressif", j'ai nommé Annie Haslam, à la voix toujours aussi caressante et cristalline. Dommage pourtant que le mixage laisse transparaître le fait que les deux chanteurs n'aient pas enregistré ensemble dans le même studio…
Question accompagnateurs, le duo a fait appel à Steve Christey (de Jadis, qui joue depuis un moment avec Wetton en live) et John Mitchell (Arena entre autres !) pour les guitares. On trouve aussi une petite contribution de Ian McDonald à la flûte et plus souvent, le violoncelliste Hugh McDowell (qui officia dans Electric Light Orchestra), ce qui apporte un plus organique aux orchestrations des claviers de Downes. Que dire de John Mitchell, sinon qu'on aimerait bien qu'il se lâche un peu plus, car sa contribution est relativement discrète. Très dommage vu le grand talent de mélodiste de ce guitariste. Prenez le solo vers le final qui décolle enfin sur "sleep angel" : même pas 10 secondes de lyrisme pur… Trop court ! Globalement, on peut reprocher le manque d'originalité et même de variété de l'ensemble. Et puis sur la longueur, le duo aurait quand même pu nous offrir quelques morceaux un peu plus ambitieux et plus puissants. Il sont loin les "wildest dreams" et autres "time again" de 1982 !
Dix titres pour 46 minutes, ce n'est pas très long mais, à part les défauts déjà mentionnés, il faut bien admettre que ces morceaux ne contiennent pas de remplissage et sont fort bien arrangés et interprétés (la voix de Wetton en studio est toujours aussi belle et chaude). Sans vouloir être méchant, "Icon" est tellement supérieur à ce que nous proposent les chanteurs de variété française de tout poil qui monopolisent les ondes… Et le livret de 16 pages est bien joli. Les femmes vont adorer !