S’il y a bien un disque très attendu, c’est bien celui de Gojira, quatre ans après un "Enfant Sauvage" qui, bien que rude à digérer, avait confirmé son statut de grand groupe international. Pour ce dernier album, le groupe était allé au bout d’une démarche et il semblait nécessaire (si ce n'est vital) qu’il ouvre un nouveau chapitre de sa carrière. Il a donc sillonné les routes sans relâche et mis à profit ce temps pour composer son sixième album, essayant encore repousser les limites de ce mur du son qui le caractérise.
"Magma" est très différent de son prédécesseur. La patte Gojira est bien sûr identifiable instantanément, mais le groupe ne s’est pas reposé sur ses lauriers et a choisi d’explorer une nouvelle voie. Le disque porte son nom à merveille tant il est une fusion de l’art du groupe. Il permet de retrouver tous les éléments faisant sa force avec une place importante faite aux atmosphères, aux ambiances, toujours avec cette puissance qui le caractérise, mais plus en retrait. Les chansons sont aussi plus courtes, allant droit à l’essentiel.
Le voyage mystique commence avec 'The Shooting Star'. Ce titre aux airs de bande-son d’un film de science-fiction impressionne par le chant clair très pur de Joe Duplantier et une atmosphère à la fois sombre et glaciale. Après cette entame, le groupe nous fait plonger au cœur de son âme, se faisant vulnérable comme rarement, mais gardant toujours cette force énorme qui est sa marque. Au détour de ‘Silvera’, ‘The Cell’ et Only Pain’, Gojira fait parler sa face métallique sur de courts titres mettant en valeur la batterie et des riffs mastodontes dont il a le secret. Joe y présente son chant hurlé parfaitement maîtrisé. Mais même sur ces titres, le mur sonore n’est plus de mise et la violence se teinte d’atmosphérique. Seul en milieu d’album, ‘Stranded’ montre un Gojira au visage death plus classique pour un excellent résultat.
Car à côté c’est bien le mysticisme qui l’emporte : d’un ‘Yellow Stone’, interlude très aérien, à ‘Pray’ et ‘Low Lands’, Gojira explore sa face atmosphérique. Entre un chant clair très pur, des moments atmosphériques très froids et quelques passages plus violents comme sur le final de ‘Low Lands’, Gojira nous prend aux tripes. La quintessence de ce voyage se fait avec ‘Magma’, une longue pièce très aérienne et mélancolique laissant la violence de côté au profit d’atmosphères éthérées. Le voyage prend fin avec un très beau ‘Liberation’ d’une fragilité à fleur de peau achevant d’explorer l’âme du groupe.
Avec "Magma", Gojira nous propose un disque plus accessible mais aussi d’une sensibilité à fleur de peau. La puissance est là mais elle est diluée dans ce voyage mystique d’une rare intensité. Nous attendions l’album ultime du groupe, celui qui pourrait le faire encore changer de dimension : "Magma" pourrait bien être cet album!