"Trilogy" n'est pas, comme certains l'espéraient peut-être, le premier véritable album longue durée de Carpenter Brut qui viendra en son temps, un peu de patience s'il vous plaît, mais, ce que son nom laisse d'ailleurs aisément deviner, l'agrégat des trois EP enregistrés par ce qui est devenu en l'espace de deux ou trois ans, le phénomène de la scène electro hexagonale (mais pas que), chef de file de tout un revival années 80 aussi généreux que jubilatoire, aussi cinématique que sexy.
Quoi de mieux alors, pour ceux qui prendraient le train en marche que cette somme de plus de 90 minutes au compteur pour découvrir celui que le monde entier nous envie. Passons sur les deux offrandes inaugurales dont nous vous invitons à lire les chroniques sur votre site préféré, et attardons-nous plutôt sur le dernier côté du triangle, tout simplement nommé "EP III", lequel repose sur le même patron que ses devanciers.
Six pistes bourrées jusqu'à la gueule d'une formidable énergie se succèdent ainsi pour notre plus grand plaisir, mêlant dans un tourbillon paroxysmique disco, synthwave, techno et même metal, autant de genres passés au travers du filtre d'une inspiration tout du long au garde-à-vous. Forcément irrésistible, le résultat crée une profonde addiction, que l'on ne cherche nullement à rompre tant cette bande-son puissamment remuante possède des vertus thérapeutiques évidentes, procurant un immense bien-être chez celui qu'il l'écoute en boucle.
'Run, Sally, Run' auquel s'enchaîne 'Turbo Killer' forment deux joyaux dans la lignée ébouriffante et endiablée des 'Le Perv' ou 'Roller Mobster' des deux précédentes rondelles, pulsations frénétiques propulsées par un rythme implacable, aux allures de bandes originales de films d'horreur italiens des années 80. Images colorées de zombies et autres courses poursuites effrénées jaillissent de cette myriade de sons que répandent de robustes synthétiseurs qu'aucune couche de naphtaline ne recouvre en dépit d'influences ancrées dans un passé vieux de trente ans.
Tout aussi ravageurs sont 'Division Ruine' qui écume des terres plus disco et 'Paradise Warfare', plein de déliés et de belles rondeurs, mais qui, lors d'une accélération affolante, ouvre les vannes d'une noirceur qui galope à toute vitesse, atmosphères lourdes qui vampirisent également 'Invasion A.D.', autre plage donnant l'impression de s'être échappée d'une pellicule horrifique.
Quant à 'Anarchy Road', il accueille des lignes vocales, une nouveauté chez Carpenter Brut, surprenantes quoique parfaitement à leur place. Après l'enfilade dans l'ordre de ces trois courts opuscules, une doublette inédite achève enfin ce menu. Il s'agit tout d'abord de 'The Good Old Call', second morceau à être chanté puis - et surtout - de 'Mandarin's Claws', survitaminé et sombrement percussif, deux bonus de luxe pour une compilation qui devrait être remboursée par la Sécurité Sociale. Indispensable.