Après « The brondesbury tapes » voici de nouveau des bandes inédites, datant de 1968, de la première mouture de King Crimson. Vu la qualité du son ici proposée, il est surprenant de savoir que ces enregistrements ont été fait à l’aide d’un simple magnétophone à bandes et non pas en studio. Enfin disponibles en CD, ces bandes ont été avantageusement remasterisées et contiennent pas moins de 6 bonus.
On peut dire que «The brondesbury tapes » et «The cheerful insanity of » représentent le chaînon manquant entre l’unique album officiel de G,G & F et la réalisation de «In the court of the crimson king ». Le 1er opus de G,G & F distribué en 68 par Decca fut un échec commercial cuisant pour le groupe, surtout qu’ils s’étaient énormément investis en faisant plus d’un millier de concerts sous diverses formations entre 1960 et 68. A la suite de cette déception, le bassiste Peter Giles décida de quitter le groupe et fut remplacé par Greg Lake. En 2002, Peter rejoignit son frère Michael Giles et Mc Donald, pour former « 21st century schizoid man », célèbre groupe de reprises des 1ers titres de King Crimson.
Mais revenons au CD qui nous interesse ici. Que peut nous apprendre ces 19 titres, dont la plupart tournent autour de 3.00, sur la genèse de K.C. ?
Tout d’abord, si vous achetez cet album en espérant découvrir des morceaux précurseurs du son de K.C., vous serez certainement déstabilisés, car il ne s’agit pas ici de musique progressive. Les morceaux peuvent tout juste être qualifiés de vieilles pop de la fin des années 60 avec parfois quelques passages psychédéliques (comme sur « The crukster », morceau très court de 1mn35).
Ce que l’on peut noter c'est la précocité technique insoupçonnée de Fripp, appuyée par ce batteur génial qu’était déjà Michael Giles (« North weadow » « Suite n°1 »). Ce qui gâche le plaisir de la découverte sont ces intros parlées sur 80% des titres qui raccourcissent encore plus les compositions déjà bien assez limitées. Mettre aussi 3 versions différentes de la même chanson (« Thursday morning » dont l’intro fait penser à « Strawberry fields forever ») est sûrement un choix discutable.
L’ensemble des compositions est en fait sans grand intérêt et peut être comparé aux 1er Moody blues, aux derniers Beatles, ou peut être à Syd Barrett de l’ère Pink Floyd mais G,G & F ne les égale pas en terme de qualité.
La seconde partie du CD se montre plus interessante alors que le groupe répète, de manière humoristique à la Monty pithon, la même phrase entre les morceaux « I know a man and his name is George ». Le seul morceau instrumental de l’album est le plus intense. « Suite N°1 » commence sur un rythme rapide imposé par la guitare, soutenu par une section rythmique lancinante.
Au final, ce disque ne restera pas dans les annales, tout juste bon pour les Crimsomaniaques aigus ! Il est difficile de croire que ces mêmes musiciens vont créer 2 années plus tard la véritable pierre angulaire du rock progressif. Imaginez juste un moment : si l’album officiel de G,G & F avait eu un gros succès, est ce que « In the court of the crimson king » aurait existé et qu’en serait-il du rock prog aujourd’hui ?