Höstsonaten (littéralement "Sonate d’automne") n’est pas, comme son nom pourrait le laisser croire, un groupe nous venant de Suède mais d’Italie. Longtemps le projet d’un seul homme, Fabio Zuffanti, l’ayant ainsi baptisé du titre éponyme du film d’Ingmar Bergman (d’où le nom suédois), Höstsonaten est aujourd’hui une entité bicéphale, Zuffanti ayant décidé de s’associer à son compatriote Luca Scherani (La Coscienza di Zeno) pour ce huitième album studio intitulé "Symphony n°1 : Cupid & Psyche".
En fait, les deux hommes se connaissent de longue date, Scherani ayant déjà écrit les arrangements pour cordes et bois de nombre de compositions de Zuffanti : "Merlin – The Rock Opera" en 2000, "Double Reign" d’Aries en 2010, "La Foce del Ladrone" en 2011 et surtout "Summereve" (2011) et "The Rime of the Ancient Mariner" (2012), deux albums d’Höstsonaten sur lesquels il intervient également aux claviers.
Pour "Symphony n°1 : Cupid & Psyche", la collaboration s’intensifie. Scherani ne se contente plus d’écrire les arrangements pour un quatuor à cordes, des cuivres et des bois mais propose également ses idées mélodiques pour enrichir la partition écrite par Zuffanti. Une partition dont l’ambition est d’être jouée collégialement par un orchestre classique et un groupe de rock et de servir de musique à un ballet, rien de moins !
Zuffanti a toujours aimé mêler instruments rock et acoustiques sur les albums d’Höstsonaten et ses compositions ont souvent emprunté des atours néo-classiques (ses "quatre saisons" étant un clin d’œil appuyé à l’un de ses plus illustres compatriotes) n’évitant pas par moments certaines longueurs. Rompant avec le ton de son dernier opus en date, à la fois plus rock et pour une fois chanté, Höstsonaten revient à un album entièrement instrumental et plus néo-classique que jamais, peuplé de très belles mélodies superbement arrangées.
L’osmose entre instruments rock et acoustiques est parfaite, le passage des uns aux autres, leur juxtaposition ou leur superposition s’opérant de manière naturelle, aucun ne tirant la couverture à soi. La partition est écrite comme celle des grandes œuvres classiques, chaque instrument jouant une mélodie indépendante, toutes concourant cependant à un thème d’ensemble, et permet de se régaler du jeu des violons, flûtes, hautbois, sax, basson et autres trompettes mais aussi de celui des guitares, des basses, de la batterie et de toutes sortes de claviers dans lesquels excelle le généreux Scherani.
La musique est une succession de thèmes, souvent très cinématiques (‘Love Scene’, ‘Unmasking’), empruntant aussi bien au rock (‘Zephyr’, ‘Underworld’) qu’à la musique classique (‘Entrapped’, ‘The Awakening’) et s’autorisant même de courtes incursions dans le monde du jazz (‘Sheep and Water’) ou sur d’improbables airs de western (‘The Sacrifice’). Alternant mouvements enlevés ou plus romantiques, elle dégage tout du long un plaisir communicatif teinté d’une pointe de poésie des plus agréables.
Il faut certes avoir un certain goût pour les musiques de film et la musique classique pour pleinement apprécier cet album, les purs "rockers" risquant d’être déroutés, mais "Symphony n°1 : Cupid & Psyche" est un disque où l’on ne s’ennuie jamais, sans mièvrerie ni longueur, à la fois moderne et classique. Probablement le meilleur album d’Höstsonaten à ce jour.