Faut-il être indulgent avec Paolo Vallerga ? En tous cas, le trublion romain et ses travaux imposent le respect et la curiosité tant les productions du touche-à-tout italien sont variées : théâtre, jeux de société, poésie, rock progressif. Dans ce dernier domaine, qui nous intéresse au premier chef, son projet s'appelle The Experiment et "Right After The Experiment N°Q" est le deuxième volet de son opéra-rock.
Après une première production quelque peu surcotée en 2014 (mea culpa), ce deuxième album reprend les recettes qui ont fait le succès du précédent en tentant d'en améliorer les faiblesses. Au premier rang de celles-ci, le travail sur les parties vocales s'est amélioré avec un jeu moins théâtral (qui a dit caricatural ?). Fabio Privitera propose un chant beaucoup plus sobre et mélodique à l'image de la retenue dont il fait preuve sur 'Close to the Sunrise', même si des défauts de justesse persistent çà et là. La voix féminine est désormais incarnée par Oxy Hart (Saedem), très convaincante à chaque intervention comme sur la mélodie old-school de 'Girl From The Dream' rappelant Pat Benatar par sa façon de chanter, ou sur la plus inégale 'Secret Languages' qu'elle élève de sa voix douce et claire.
Le rock de Vallerga s'appuie désormais majoritairement sur des mid-tempo rythmés par des riffs souvent saccadés mais toujours simples et efficaces ('Welcome to the Garden', 'Don't Let me Kill the n° Q'). S'il reste sur ces titres des parties à la limite du lyrisme, elles demeurent sobres et apportent de la profondeur aux morceaux. Les rythmiques sont binaires pour la plupart, cet aspect de la musique de The Experiment n'étant pas le plus travaillé. Elles n'en restent pas moins efficaces et incitent à taper du pied ('Dust I Am'), facilitant la lecture mélodique de l'ensemble, en grande progression tout au long de l'exercice.
Malgré quelques relents de grandiloquence plus maladroits que prétentieux ('Secret Languages'), le niveau général s'est élevé grâce à une écriture plus homogène et à un éparpillement bien plus limité. Du coup l'ensemble est beaucoup plus digeste et des titres comme 'Human Machine' ou 'Another Life' tirent la qualité générale vers le haut. 'Reprise' est même une belle surprise avec sa flûte, son cor et ses nombreux cuivres qui apportent une touche originale au thème du premier titre. Notons également la prestation très convaincante d'Andrea Palazzo qui illumine plusieurs titres de quelques solos de guitare inspirés ('The Girl From The Dream', 'Another Life').
Deuxième volet de son opéra rock en plusieurs actes, "Right After The Experiment N°Q" est un album un peu moins "barré" que son prédécesseur et rehausse le niveau de l'œuvre dans sa globalité. Mais le rock multi-facettes de Paolo Vallerga reste enfermé dans des codes qui le réservent à un public réceptif à ce genre particulier et aux fans du premier acte. Il mérite tout de même la curiosité des amateurs de rock en général car l'Italien fourmille d'idées intéressantes, et le concept qu'il dépeint n'est pas dénué d'intérêt pour qui est prêt à plonger dans son univers à la Frankenstein. Il convient donc de donner une chance à cet album et d'en attendre la suite car l'œuvre pourrait bien prendre toute sa grandeur dans son entièreté. Une chose est certaine, Vallerga et son "N°Q" ne laissent pas indifférent.