Quasiment un quart de siècle pour mûrir le projet, puis deux albums publiés à 12 mois d'intervalle : on ne peut pas dire que les trois comparses américains de "The Raptor Trail" soient guidés par de quelconques échéances planifiées. Toujours est-il qu'après leur production éponyme de 2015, John Meyer et Matthew Mayes, accompagnés de Gene Bass derrière les fûts, nous reviennent en cette année 2016 avec une deuxième galette copieusement remplie (77 minutes).
La lecture des instruments joués par nos protagonistes va de suite éveiller l'intérêt des amateurs de guitare : point de clavier par ici, par contre on y trouvera une profusion de guitares, basses et autre Guijo, instrument mi-guitare mi-banjo proposant un accord particulier. L'ensemble mêle sonorités métalliques et acoustiques, le mélange des genres se faisant aussi bien de façon simultanée que séquentielle. A ce stade de la lecture, je vois les amateurs de guitar-hero commencer à s'enflammer.
Certes, les différents plages garnissant "New World" proposent leur lot de passages de bravoure, tels par exemple 'Going to Dublin' et ses passages techniques qui rappellent le 'Hyperventilate' de Frost*, ou encore le tricotage débridé de 'Times Slides Onward'. Mais, ici les guitares sont au service de la musique et de la mélodie, et non pas l'inverse comme cela se produit parfois chez ces fameux as de la 6 cordes. Il en résulte ainsi de véritables compositions où tant les parties vocales soignées que les passages instrumentaux souvent très techniques trouvent leur juste place. Rush mais également Sebas Honing peuvent réellement servir de point de comparaison. Mais l'auditeur attentif relèvera également les deux plages très floydiennes que sont 'Stone by Stone' et plus encore 'Wheel', où une patte toute gilmouresque se ressent tant dans la structure du morceau que dans le long solo de fin.
Pour accompagner tout cela, il faut naturellement une section rythmique qui tienne la route, et c'est le cas ici avec d'une part une basse bien charpentée, mais surtout une batterie toujours judicieuse, et délicieusement mixée au même niveau que les autres instruments, avec en point d'orgue une superbe réverb sur les fûts. Un véritable bonheur.
Loin de traîner en longueur malgré sa durée conséquente, "New World" nous révèle un groupe prometteur, très rock et naturellement progressif. Un travail très soigné qui étourdira plus d'une oreille.