Nouveau-venu dans le monde de la musique, le quatuor Lucid Planet est originaire de Melbourne (Australie) et revendique une indépendance totale. Son premier album éponyme est auto-produit et auto-réalisé, jusqu’au site web et à la conception de la pochette. La musique s’inscrit selon le groupe dans un style metal progressif psychédélique et tribal.
Un étiquette complexe qui demande des explications… les premières mesures baignent dans une ambiance très zen portée par un son de sitar qui ancre effectivement la musique dans une mouvance psychédélique, ambiance renforcée par la voix enfumée de Dan le chanteur (et pas enfumée au tabac !). Le côté metal se fait sentir dans les parties terminales des morceaux, tous conçus sur le même patron, avec un début calme et un empilement successif de couches amenant à durcir le ton sans tomber dans l’extrême. En cela, Lucid Planet se rapproche de la démarche d’un Pineapple Thief, avec la même tendance à installer les ambiances et à les densifier. Sur la fin de l’album ('Benath Me', notamment), ce côté atmosphérique lorgne franchement vers Anathema, avec la même utilisation de la voix sur un accompagnement débuté a minima.
Mais Dan ne possède pas le timbre magique de Vincent Cavannagh, et Lucid Planet est assez loin de maîtriser toutes les subtilités du genre atmosphérique, genre à risques s’il en est. Avec des claviers réduits à faire de la figuration, sauf sur le très creux 'This Side Of The Yawning Grave' tout en accords mellotronoïdes, les ambiances peinent à se différencier, et comme les recettes appliquées sont toujours les mêmes - une ouverture calme et une progressive montée vers une tension metalloïde plutôt soft, sans grand développement instrumental - , Lucid Planet n’atteint pas les objectifs escomptés. Il reste que le ton plutôt original des cinq premiers morceaux est rendu de façon très cohérente par les musiciens, par contre le chanteur est à la peine quand il s’agit d’habiter des morceaux tout en finesse, tout comme dans les sections plus énervées où son phrasé manque de densité. A noter aussi une certaine limitation dans le jeu de batterie, un peu trop scolaire pour apporter un plus d’atmosphère : dans un registre pas si éloigné, le groupe pourrait s'inspirer de The Addiction Dream, qui avait su intégrer une belle poésie toute en finesse dans sa musique.
Pour un premier album fabriqué avec les moyens du bord, le résultat est quand même honorable, mais il faudra à Lucid Planet peaufiner les claviers et rechercher plus de sensibilité pour se placer dans les groupes remarqués de la musique atmosphérique.
A noter : l’album est téléchargeable sur le site du groupe, à un prix que l’auditeur estimera lui-même !