En 2013, Bodie sort son premier EP sobrement intitulé "First".  Peut-être déçu par son manque de répercussion, Thomas Noel, membre unique du groupe, a décidé de donner une nouvelle vie à son premier-né en 2016. Bien que le disque soit interprété en langue anglaise, véritable laissez-passer pour un album folk, Bodie montre néanmoins dans son écriture l’envie d'y apporter un peu de sauce française.

L'album débute avec ‘Under The Sea’ par ce qui pourrait être la signature du groupe, des mélopées menaçantes annonçant l´imminence d´un danger à venir dans une démarche pouvant rappeler Camel​, qui sur un de ses fleurons, "The Snow Goose", signait les seules partitions vocales de mélopées. Mais ​Bodie ​ne pêche pas par humilité et des paroles vont vite venir orner ces tableaux brumeux d’un chant assez mélancolique, souvent accompagné d´une guitare sèche.

​Bodie ​crée des atmosphères, qui si elles respectent le format court du folk, tendent à atteindre l´atmosphérique. Certains titres, comme ‘All These Days’, semblent issus d´une rêverie dorée, impression renforcée par la voix qui semble si lointaine. Un rêve qui, à l´image de la ballade ‘The Church’ tenant plutôt de la berceuse au son d’une mandoline, ne se change jamais en cauchemar. La longue piste finale, ‘The River’, possède des germes progressifs, mais sans se départir de la douceur qui nimbe l’EP. Le groupe ne se met jamais en danger et conserve sa formule, sans surprendre l’auditeur, dans une uniformité qui, si elle passe sur un format court, pourrait néanmoins nuire à la longue sur un véritable album.

Rêveries d´une promenade solitaire dans le brouillard, ce premier effort de ​Bodie ​est remarquable par sa sensibilité folk et ses atmosphères relaxantes. Il est dommage que ce travail soit passé plutôt inaperçu, voilà l’occasion de rattraper cet oubli.