Déjà convaincants avec leur premier album, les Canadiens de No Sinner
emmenés par la chanteuse Coleen Rennison (No Sinner à l'envers) publient "Old Habits Die Hard" pour enfoncer le clou. Le blues rock
porté par la voix expressive de Coleen semble a priori posséder les qualités requises pour sortir du lot. L'épreuve du deuxième album étant souvent difficile à passer, il est peu dire qu'ils sont attendus au tournant.
L'album s'ouvre sur une reprise de Cheryl Dilcher sortie en 1973. 'All Woman' constitue une introduction assez posée à l'album, le rythme tranquille permettant aux protagonistes de se mettre en place, et notamment à la frontwoman de faire vibrer ses cordes vocales dans un écrin confortable puisque bien connu et maîtrisé. Avec 'Leadfoot' le rythme augmente d'un cran. L'énergie déployée et le son plus électrique démontrent que le trio en a sous le pied, notamment les guitares d'Eric Campbell qui louvoient joliment entre solos rageurs et riffs dynamiques. On retrouvera ici ou là une rage similaire, notamment en fin d'album avec un 'One More Time' qui s'effiloche dans un psychédélisme sirupeux. En dehors de cela, on navigue entre ballades countrisantes avec 'Tryin', rhytm'n'blues effréné avec 'Saturday Night' et bluesy ('Hollow'), voire variété à la Adèle ('Line On The Highway').
D'autres titres permettent de clouer le bec aux éventuels récalcitrants. C'est le cas de 'Friends Of Mine', où le registre étendu de Coleen parvient à frôler une forme d'extase dont Janis Joplin avait le secret. C'est aussi l'occasion pour le dépositaire de la six-cordes de s'en donner à cœur joie. En effet, même si la voix reste le plus bel atout dans la manche du groupe de Vancouver, il convient de ne pas oublier ses musiciens. Il est vrai que la tonalité parfois voilée ou au contraire limpide, écorchée en rupture et rocailleuse ou bien puissante de Coleen ne peut pas laisser indifférent. 'When The Bell Rings' est un autre morceau de bravoure émotionnel qui peut faire vibrer.
Il conviendra de passer rapidement sur des chansons plus ennuyeuses ou sans relief, comme 'Fading Away', pour saluer un album qui ne brille pas particulièrement pour son originalité mais qui assure sa part seventies pour délivrer une musique bien faite, portée par des musiciens de talent et une chanteuse qui donne envie de la réentendre.