Après une carrière remarquable, Steve Thorne a annoncé récemment que "Island of the Imbeciles" serait sa dernière production en son nom propre, avant une probable suite de ses aventures en "meute" ! C'est donc avec son cinquième album que l'artiste nous revient en cette année 2016, une nouvelle fois accompagné de quelques pointures progressives.
Car suivant l'adage bien connu du "Qui veut voyager loin … doit disposer d'un bon moteur", notre guitariste/chanteur a de nouveau blindé sa "traction arrière", proposant une dream-team en guise de section rythmique. Je ne ferai pas l'injure de rappeler aux lecteurs le pedigree de Nick D'Virgilio et Tony Levin, respectivement batteur et bassiste de leur état, mais avec une telle base, nul doute que les compositions présentes sur "Island of the Imbeciles" seront correctement carénées. En plus de leur influence sur la couleur globale de l'album, une écoute quelque peu dissociée de leur performance, par exemple sur 'In the Frame' ou 'Colours of Torment', permettra d'apprécier à leur juste valeur la frappe précise et néanmoins variée du premier, et les lignes ultra-mélodiques du second.
Mais, au-delà de tout accompagnement, ce qui prime avant tout chez Steve Thorne, c'est sa capacité à créer des lignes mélodiques à la fois simples sans être simplistes, emplies de légèreté et accessibles au plus grand nombre, sans tomber dans la variété de bas étage. Les amateurs de complexité harmonique ou rythmique en seront bien sûr pour leurs frais, sans que cela n'enlève quoi que ce soit à la qualité des dix compositions qui émaillent cette nouvelle galette. Pour compléter cela et y ajouter une petite touche progressive, quelques soli de guitare bien sentis apportent des respirations et variations dans les enchaînements couplets/refrains.
Et si l'époque s'y prêtait, avec des radios sur lesquelles les programmateurs seraient autre chose que de simples attachés commerciaux à la solde des majors du disque, nul doute que des singles en puissance comme 'Don't Fear Tomorrow' ou 'Ancestors' mériteraient de trouver une place sur les ondes (on peut toujours rêver non ?).
Alors bien entendu, nous pourrions regretter que Steve Thorne n'exploite pas le potentiel de certains titres, en usant par exemple d'un fade-out dommageable pour conclure 'Ancestors' ou en ne développant pas le splendide 'They are Flesh' pour lequel un final symphonique montant en puissance aurait permis de conclure l'album en un feu d'artifice mémorable.
Il nous reste néanmoins un album très fluide, à l'esprit léger, accessible au plus grand nombre et qui s'écoute avec grand plaisir. Le tout est servi par des musiciens irréprochables et une production de grande qualité, rendant ces 50 minutes tout simplement délicieuses.