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"Avec cet album, le plus ambitieux à ce jour, Cosmograf réussit à synthétiser ses influences nombreuses et variées tout en leur tirant leur substantifique moelle au service d’un sujet complexe."
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4/5
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Après avoir évoqué la solitude de l’homme isolé dans l’espace ("The Man Left In Space") puis le concept de l’âme hors du corps pour revenir à l’essence même d’humain face à la technologie ("Capacitor"), Robin Armstrong s'attaque, avec le cinquième album de son projet Cosmograf, au mythe de Sisyphe déjà réadapté par Albert Camus. Dans "The Unreasonable Silence", Robin Armstrong narre l’histoire d’un homme moderne déçu par sa propre vie, au point qu'il croit que son destin peut résider dans un autre monde et dans une rencontre avec un extraterrestre.
Afin de mettre en musique ce propos, Robin s’approprie une nouvelle fois des influences multiples telles que Porcupine Tree, Black Sabbath, Pink Floyd, Muse… pour mieux s’en démarquer et affirmer sa personnalité. Pour s’aider dans cette démarche, le multi-instrumentiste s’est à nouveau entouré d’une pléiade d’invités bien connus du monde progressif : Dave Meros (Spock’s Beard, The Animals) et Nick Beggs (Steven Wilson, The Mute Gods) à la basse, Nick D’Virgilio (Ex Spock’s Beard, Big Big Train) à la batterie et aux percussions, et Steven Wilson et Rachel Hawnt pour les voix.
Avec cette équipe complémentaire, Cosmograf développe des thèmes comme la paranoïa, l’isolement, l’absurde, la déconnexion et la recherche de soi-même, l’album invitant ainsi à la réflexion et à l’introspection. Ces différents thèmes sont propices à un patchwork d’ambiances rock, progressives teintées de psychédélisme. L’album est dense, à l’image de l’œuvre de Camus, complexe mais suffisamment accrocheur pour ne pas perdre l’auditeur en route.
L’utilisation de samples de bruitages ou de voix (’Plastic Men’, ‘RGB’, ‘The Uniform Road’), caractéristique de Cosmograf, contribue à installer des atmosphères oppressantes, angoissantes ou planantes permettant d’accentuer le côté cinématographique de l’album. L’impression de voir se dérouler un film de science-fiction est prenante, parfaitement illustrée par l’épique ‘This Film Might Change Your Life’ introduit par le planant ‘Echo $adbuction’. L’entame est soutenue par des sons de laser un peu cheap - un léger défaut toutefois vite corrigé - et les breaks sont plutôt bien amenés, avec fluidité. La tension est palpable tout le long du titre, avec la guitare véloce de Robin Armstrong soutenue par une section rythmique au diapason. À partir de là, "The Unreasonable Silence" ne lâchera plus l'auditeur tout au long des dix titres dont quatre dépassent aisément les 7 minutes, alternant moments épiques et accalmies raffinées (notamment ‘RGB’ ou ‘The Silent Field’) qui permettent de contraster le rythme soutenu de l’album.
La guitare émaille tout l’album de nombreux solos démontrant la grande palette de styles de Robin Armstrong, alternant un toucher façon Gilmour avec des riffs plus agressifs dans la tradition de Deep Purple (’Plastic Men’, ‘Arcade Machine’) ou même Led Zeppelin (’Uniform Road’ avec son riff et son ambiance orientale se rapproche d’un ‘Kashmir’ sans pour autant constituer un plagiat éhonté). ‘Four Wall Euphoria’ pourrait être issu d’un "Dark Side Of The Moon" musclé et 'The Unreasonable Silence' clôt l’album de fort belle manière, alternant riffs et solos planants, claviers à la Richard Wright, l’apothéose arrivant avec la voix de Rachel Hawnt dans un chorus dramatique de toute beauté au terme duquel l’auditeur sort de sa torpeur.
Si la guitare est très présente, les claviers ne sont pas en reste, participant à l’intensité quasi scénique de l’album, oscillant de l’orgue Hammond à des sons plus modernes. Toute cette richesse ne nuit aucunement à la cohésion de l’album dont la production semble avoir été améliorée par rapport à "Capacitor". Le mix est équilibré, laissant les instruments s’exprimer sans qu’aucun ne prenne le pas sur un autre. Il convient de souligner l’investissement de Nick D’Virgilio dont la frappe toujours subtile et précise contribue à la réussite de l’album.
Avec cet album, le plus ambitieux à ce jour, Cosmograf réussit à synthétiser ses influences nombreuses et variées tout en utilisant leur substantifique moelle au service d’un sujet complexe. Remarquablement pensé, l’album demandera du temps pour révéler toutes ses nombreuses subtilités.
Plus d'information sur
http://www.cosmograf.co.uk
LISTE DES PISTES:
01. Echo $abduction 02. This Film Might Change Your Life 03. Plastic Men 04. Arcade Machine 05. RGB 06. Four Wall Euphoria 07. The Uniform Road 08. The Silent Field 09. Relativity 10. The Unreasonable Silence
FORMATION:
Robin Amstrong: Chant / Guitares / Claviers Andrew Whelbig: Invité / Voix Dave Meros: Basse / Invité David Thompson: Invité / Voix Katharine Thompson: Invité / Voix Linnea Sage: Invité / Voix Martin Hutchinson: Invité / Voix Martin Paine: Invité / Voix Nick Beggs: Basse / Invité Nick D'Virgilio: Batterie / Invité Rachael Hawnt: Chant / Invité Rhiannon Owens: Invité / Voix Steve Wilson: Invité / Voix
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(2) AVIS DES LECTEURS
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Voilà une belle oeuvre comme on aime à en rencontrer plusieurs fois par an ! Ce concept-album repousse les limites de la qualité très loin, que ce soit en termes d'écriture, de composition, de virtuosité ou de production. Cet album est tellement plein qu'il ressemble à un fruit mur à point. Rien à jeter, du début à la fin. il donne effectivement une impression "cinématographique", un film dense, prenant, presque oppressant, dont on ne veut pourtant pas sortir avant la dernière note, le dernier bruit.
D'une densité très élevée, il nécessite pas mal d'écoutes avant de pouvoir le cerner un peu mieux. Toutefois, dès la première écoute le plaisir est là de bout en bout. L'homogénéité est remarquable et il n'y a pas de moments creux, bien que certains répits permettent de reprendre son souffle. On est fixé : C'est une oeuvre, pas un gadget musical. Ca ne rigole pas, c'est du lourd, ça frise la perfection, et ça laisse pantois. Son inspiration est directement palpable, son contenu est par contre largement trop riche pour se laisser assimiler aussi vite. On en a pour son argent, c'est évident.
J'apprécie particulièrement la partie rythmique, très sophistiquée, où la batterie mordante, complexe et puissante laisse volontiers la basse lui passer devant. Une basse experte, parfois joliment bavarde, toute en finesse, et qui propulse les morceaux avec une énergie remarquable. Tout ça vient soutenir de très belles envolées de guitares soigneusement déliées et inspirées, de superbes riffs nombreux à souhait. Le tout est porté par une trame de claviers qui savent s'imposer par moments et rester en retrait à d'autres. Je ne trouve pas la voix spécialement performante ou ample, mais elle cadre bien avec le reste. L'ensemble est agencé de manière particulièrement judicieuse.
Pas mal d'influences floydiennes, pendant tout le déroulement de cette historie musicale. J'y entend parfois un peu de "Division Bell" par exemple (ou d'autres), à cause de la tonalité des solos ou bien l'intervention fréquente de divers sons et voix parlées en background, quand ce n'est pas le climat un peu sombre et quelque peu teinté de nostalgie. Le final du titre éponyme est tout à fait typique de Pink Floyd avec ce type de chant féminin, le clavier peu prolixe et le bruitisme des dernières secondes.
Mais Cosmograf sait gérer certaines influences qui semblent apparaitre de ci de là, nombreuses, diverses, et pas des moindres (Porcupine Tree, Genesis, Pineapple Thief, Oceansize, Led Zeppelin, etc..) pour se constituer sans aucune ambiguité une identité propre et particulièrement marquée. La puissance évocatrice et le talent à tous les niveaux qui leur est propre n'appartient qu'à eux et les identifie dès les premières mesures.
Un album quasiment parfait, à recommander sans hésiter, à diffuser, à faire découvrir et à écouter avec une disponibilité et une ferveur quasi religieuse !
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Après la révélation de "When Age has done its Duty", j'ai laissé filer un peu de temps avant de m'apercevoir que la discographie de Robin Amstrong s'était sensiblement étoffée. En l'espace de 3 nouveaux albums, "Capacitor", "The Man Left in Space" et "The Unreasonable Silence", j'ai déserté le prog tendance happy que j'avais mis à l'honneur dans mes playlists depuis 2 ou 3 ans, pour revenir au modèle sombre et mélancolique de Cosmograf, sans qu'il soit pour autant diamétralement opposé. La force de notre anglais, c'est de parvenir à produire des albums puissamment monolithiques, qui se suivent et se ressemblent en apparence, mais dont chacun pose une nouvelle brique à l'édifice global, via le prisme d'un concept à chaque fois réinventé. L'homogénéité de "The Unreasonable Silence" ne fait pas exception à la règle. Sa musique échappe à l'entendement, par sa capacité à se mouvoir dans une matrice pluridimensionnelle, où l'angoisse de l'inconnu s'entrecroise avec la promesse d'une spiritualité salvatrice en des carrefours opportunément extraterrestres. 'This film might change your life', une fois digéré, donne un aperçu assez intéressant sur la philosophie créative de Robin Amstrong, sans pour autant livrer ses codes. Le titre éponyme clôt l'album sur une emphase aussi singulièrement transcendantale que l'introduction de 'Echo §abduction' est ténébreuse. Mais il serait très réducteur de résumer le talent du bonhomme à deux ou trois morceaux, tellement l'oreille est interpellée, sollicitée, captivée, à chaque changement de plage. L'oeuvre de l'anglais, toute entière, est un mystère. Attention, This Music might change your life.
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(0) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
4/5 (7 avis)
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STAFF:
4.3/5 (3 avis)
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EN RELATION AVEC COSMOGRAF
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DERNIERE INTERVIEW
COSMOGRAF (SEPTEMBRE 2011)
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Robin Amstrong (la tête pensante de Cosmograf) a bien voulu répondre à nos questions, cela tombait bien car son album est parmi des plus apprécié au sein de la rédaction ainsi qu’auprès de nos lecteurs.
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