Comme anticipé dans notre chronique le concernant, "Megalomania" (2014) en a déstabilisé plus d'un, mélangeant les influences et les styles pour un résultat pourtant personnel. Le côté expérimental de cet album se révélait un peu trop poussé pour certaines paires d'oreilles qui ne réussirent pas à s'y acclimater. Loin de se laisser abattre, les frères Braun et leur bande reviennent avec leur nouvel opus dont ils ont décidé de maîtriser toutes les étapes, de la composition jusqu'à la production, question d'affirmer leur détermination à imposer leur identité artistique sans concession. Reste à savoir si cette preuve de maturité se ressent également d'un point de vue artistique.

Et la réponse est sans ambigüité : OUI ! Kissin' Dynamite trouve ici le juste équilibre entre ses quatre précédents albums, ce qui donne au passage toute son importance à "Megalomania" qui apparaît désormais comme une étape incontournable dans la recherche de cette nouvelle stabilité. Ceci est d'autant plus impressionnant que la présence d'influences prégnantes laisse encore augurer la possibilité d'échelons de progression supplémentaires. En effet, difficile de ne pas penser au 'Lay Your Hands On Me' de Bon Jovi sur l'introductif titre éponyme, ou aux grands frères d'Helloween et Gamma Ray sur le speed 'Highlight Zone', même si ces titres sont réussis et d'une efficacité redoutable. Plus gênante est l'inspiration plus que poussée de titres des amis de Beyond The Black. Impossible de ne pas penser à ce groupe sur les trois belles ballades de cet opus. Il faut dire que les liens entre les deux formations sont importants, en particulier par l'intermédiaire du duo composé de Hartmut Krech et Mark Nissen qui composent et produisent pour les deux combos. Mais si la présence de Jennifer Haben pour donner la réplique à Hannes Braun sur 'Masterpiece' ne souffre d'aucune contestation, ce n'est pas le cas des refrains de 'If Clocks Are Running Backwards' et 'Utopia'. Le premier pompe celui de 'Beyond The Mirror' et le second celui de 'Lost In Forever', titres de Beyond The Black. Certes, le rythme est différent mais les mélodies sont les mêmes.

Il serait cependant injuste de rester braqués sur cette faute de goût qui n'enlève d'ailleurs rien à la qualité de compositions relativement classiques mais bien carrossées, voire majestueuses ('Utopia' finalement envoûtant). Et puis, il y a le reste des titres qui font aisément oublier ces légers dérapages en se montrant variés mais cohérents, et bénéficiant tous de refrains imparables et d'une exécution sans faille. L'alternance de couplets posés et d'accélérations sur les refrains du single 'Hashtag Your Life' ou d'un 'Somebody To Hate' semblant être le résultat d'une union entre Bon Jovi et Reckless Love en laisseront plus d'un exsangue. Ce dernier titre est également le nid d'un des nombreux soli irrésistibles dégainés tout au long de cet opus ('She Came She Saw', 'Highlight Zone', 'Under Friendly Fire'). Enfin, il faut noter la capacité de cet album à garder l'attention captive tout au long des onze titres le composant, alternant les tempi et les ambiances sans jamais perdre en cohérence. Des ballades et du speed, mais aussi du groove ('She Came She Saw'), du heavy avec quelques touches indus ('Under Friendly Fire') ou doté d'un riff tranchant ('Larger Than Life'), sans oublier une basse ronflante et des chœurs fédérateurs ('Flying Colours').

Avec ce nouvel équilibre et ses nombreuses qualités, "Generation Goodbye" s'impose donc comme l'album de la maturité pour les Allemands. Quittant désormais le statut d'espoir et proposant un style que certains nomment déjà le modern hard-rock, Kissin' Dynamite se réserve encore une marge de progression qu'il pourra gravir en se libérant d'inspirations parfois encore trop prégnantes. Ceci n'empêche pas cet opus de marquer l'année 2016 de son empreinte et devrait à nouveau fédérer des fans que "Megalomania" avait pu diviser par ses expérimentations.