Son premier album ''Banco Del Mutuo Soccorso'' avait permis au groupe du même nom d'occuper la cinquième position des ventes italiennes. Fort de ce succès, Banco Del Mutuo Soccorso s'est lancé un défi de taille : ''Darwin !'', un concept-album retraçant l'histoire de l'évolution de la vie sur Terre !
Avec un mini Moog émergeant du brouillard créé par le mellotron, ''Darwin!'' nous fait revivre la naissance sonore de notre monde. Témoin vocal, Francesco Di Giacomo est l'atout de charme du groupe. Son timbre de voix exceptionnel nous narre les différentes étapes de l'évolution de l'homme, épousant la démence des claviers de 'Cento Mani E Cento Occhi', se faisant tantôt déclamante, tantôt poignante pour finir dans un chant tribal, ou, descendant dans les graves, offrant un aspect plus sombre ('Miserere Alla Storia'). Mais c'est avec deux ballades que le soliste est le plus remarquable. La première, '750.000 Anni Fa...L'Amore', avec les pianos pour seuls soutiens, permet à Francesco Di Giacomo de se livrer à un exercice vertigineux, traduisant la détresse expressive d'un primate en quête d'amour. La seconde qui clôt l'album, 'Ed ora io domando tempo al tempo ed egli mi risponde... non ne ho!', est chargée de nostalgie avec le charme intemporel des clavecins rythmant une valse de fête foraine.
Malgré la présence de leur ténor, les frères Nocenzi poursuivent leurs échappées instrumentales. Lorsque Francesco Di Giacomo laisse sa place sur ''L'Evoluzzione'', le synthétiseur prend le relais et entraîne tous les instruments dans une jam endiablée, culminant avec un solo de batterie dévastateur et des manifestations classiques de clarinette (le retour de la voix de Francesco Di Giacomo n'offrant qu'un léger répit avant une nouvelle audace du synthétiseur). L'histoire de l'évolution est complexe, longue, changeant sans cesse de tempo, une aubaine pour le groupe qui embrasse sa forme. Les dinosaures étaient loin de n'être que des monstres sanguinaires dépourvus de sensibilité à l'égard de la musique comme le prouve 'La Danza Dei Grande Rettile', avec un solo de basse qui emprunte autant à la 'Bourée' de Jethro Tull qu'au 'Herz Und Mund Und Tat Und Leben' de Jean-Sébastien Bach. Sur 'La Conquista Della Posizione Eretta', les claviers se lancent dans une fugue extravagante ponctuée d'éclairs de mini Moog, de cris d'animaux et de partitions classiques de piano.
Avec sa jolie pochette, ''Darwin!'' a fait mieux que son successeur, le groupe ayant atteint la quatrième place des ventes. Après avoir rapidement trouvé son style, fait d'envolées sonores et d'émotions lyriques, le groupe a poursuivi son envol avec un album-concept passionnant.