Avec son précédent album ''Darwin!'', Banco Del Mutuo Soccorso avait remporté haut la main un défi qui était loin d'être gagné d'avance : raconter l'histoire de la théorie de l'évolution. Mais très rapidement, un nouveau challenge s'est présenté : comment donner un digne successeur à ''Darwin!''? Le guitariste Rodolfo Maltese fait ici sa première apparition dans le groupe avant de devenir un membre à part entière.
''Io Sono Nato Libero'' prouve à nouveau l'aisance du groupe à peindre des paysages sonores. 'Canto Nomade Per Un Prigionero Politico', l'auditeur a l'impression de flotter dans un rêve, poussé par les vagues d'un clavier aquatique, avant que la voix chaleureuse de Francesco Di Giacomo ne vienne lui confier les dernières paroles d'un condamné à mort, libre dans son cerveau. Le morceau menace sans cesse de prendre de la vitesse (Supertramp aurait très bien pu s'en inspirer pour 'School') mais malgré des accélérations de rythme, le chanteur poursuit, apaisant et apaisé sa complainte (il ne craint pas la mort car il est né libre). L'approche de la mort emprunte des chemins déroutants avec des percussions tribales proches de la samba. Mais lorsque enfin, cette dernière se présente annoncée par des orgues célestes, les claviers s'en livrent à coeur joie.
Placé aux avant-postes, ce morceau riche et poignant pourrait être le pendant moins chaotique du 'Gates Of Delirium' de Yes. Malheureusement, tout comme ce dernier, il écrase le reste de l'album, qui n'a pourtant pas de quoi pâlir. L'habituel exercice de la ballade acoustique est à nouveau transcendé sur 'Non Mi Rompete', avec un moment de grâce lorsque Francesco Di Giacomo lalalise la mélodie qui s'accélère. 'La Citta Sottile' joue sur la dualité des pianos, l'un inquiétant, l'autre calme, tandis que le chant de Francesco Di Giacomo soutient le thème de l'aliénation urbaine (le morceau aurait tout de même gagné à être raccourci). 'Dopo Niente E Piu Lo Stesso' est traversée par une mélodie entêtante qui finit par devenir cauchemardesque et pour cause le chant expressif de Francesco Di Giacomo conte le retour d'un soldat de l'armée rouge après la guerre et son angoisse devant sa maison devenue une ruine. Malgré ces qualités, elle fait figure de parent pauvre de la première piste, perdant son intensité avant le retour du thème maudit.
''Io Sono Nato Libero'' a les défauts de ses qualités. La longue-suite 'Canto Nomade Per Un Prigionero Politico' fait partie des plus grandes réussites progressives. Pourtant, les autres morceaux, d'une qualité toute autant louable se retrouvent éclipsés par cette dernière. Si l'album se termine sur une note optimiste avec la grandiloquence des claviers sur 'Traccia 2', l'album est résolument sombre et fait partie des grands classiques à écouter du rock progressif.