Encore plus que pour "Other Voices", il convient d'aborder le dernier album de The Doors en occultant Jim Morrison disparu 1 an auparavant, pour ne pas le juger trop sévèrement. En effet, le charme, la poésie et la personnalité du groupe californien tenait fortement à la présence du charismatique chanteur. Outre une reformation pour un album hommage en 1978 et une nouvelle tentative en 2002 "Full Circle" est le dernier album original de cette formation qui aura marqué l'histoire du rock.
Avec 'Get Up And Dance', l'album s'ouvre sur un titre qui se veut entraînant avec un piano façon honky tonk vitaminé au gospel sous forme d'hymne rassembleur. Le morceau est finalement plutôt assez réussi même si la magie n'opère pas vraiment. Les Américains tâtent un peu du jazz fusion dans un 'Verdilac' quelque peu déconcertant, dans lequel la guitare de Robby Krieger à la wah wah syncopée est secondée par les cuivres de Charles Lloyd (saxo ténor et flûte), le tout devant un John Desmore et ses invités qui se déchainent avec des percussions très organiques. Le versant psychédélique de The Doors est un peu dépaysant ici et souffre d'un chant trop plat.
Toutes les chansons ne surprendront pas voire pourront déconcerter. La très classique reprise rythm' and blues de Roy Brown 'Good Rocking' n'est pas désagréable mais n'apporte rien et souffre également d'un chant en retrait et sans âme. Le très léger 'The Mosquito' peut au choix faire sourire ou agacer dans son hétérogénéité, son refrain en espagnol et son caractère répétitif. 'The Piano Bird' constitue le morceau de bravoure plutôt sympathique et profond qui se retrouve sur chaque album. Alors que les autres titres sont plutôt dispensables, 'Treetrunk' finit l'album comme il avait commencé, c'est-à-dire dans une certaine légèreté et un grand classicisme.
Ce que d'aucuns considèrent comme une fin de carrière en forme de calvaire s'achève avec ce "Full Circle" qui n'est pas catastrophique, contrairement à ce que son audience et les critiques laissent entendre. L'âme de The Doors avait déjà disparu avec le décès de Jim Morrison. Toutefois Krieger et Manzarek ont une certaine ressource et de la personnalité qu'il aurait fallu explorer en se démarquant totalement de la figure tutélaire du chanteur poète.