Si Frontiers a l'habitude de monter des super-groupes, le résultat n'est pas toujours à la hauteur du pédigree des participants à ces opérations qui pêchent souvent par manque d'authenticité. King Company nous vient de Finlande et a le mérite de ne pas avoir été créé de toutes pièces par le label italien. En effet, c'est le batteur Mirka Rantanen qui est à l'origine de ce quintet formé de membres, passés ou présents, de combos tels que Thunderstone, Kotipelto, Warmen ou Kiuas. Il ne semble donc pas y avoir à s'inquiéter quant aux qualités techniques des membres de cette nouvelle formation en provenance du pays des mille lacs. Par contre, ce pays compte tellement de groupes talentueux qu'il est à chaque fois plus difficile aux nouveaux de se faire une place au sein d'un paysage particulièrement chargé.
Pour ce faire, King Company propose un hard rock à la fois mélodique et revival dont le terrain de jeu couvre les années 70 et 80, ainsi que des influences allant du Bon Jovi des débuts au Whitesnake de la période US. La voix de Pasi Rantanen rend incontournable la comparaison avec le Serpent Blanc en raison de sa proximité avec celle de David Coverdale, alliant chaleur et puissance avec ce grain si particulier. Le Norvégien Jorn Lande vient également à l'esprit lorsque le quintet s'aventure sur des terrains plus métalliques ('Coming Back To Life', 'Farewell'). Si la section rythmique fait preuve d'une technique et d'un dynamisme sans faille, et si Jari Pailamo offre une palette suffisamment large à ses claviers pour permettre une variété intéressante dans les ambiances, l'autre principal point d'accroche se révèle être le guitariste Antti Wirman. Celui-ci fait preuve d'une grande vélocité et se révèle éblouissant de technique. Dommage qu'il tombe régulièrement dans le piège de la démonstration.
Ce défaut n'est en rien rédhibitoire mais un solo tel que celui du puissant et majestueux 'No Man's Land', un des sommets de l'album, prouve qu'en mettant sa technique au service de l'émotion, le six-cordiste est bien plus intéressant que lors de séances de shred inutiles et m'as-tu-vu. Nous apprécierons cependant les deux beaux duels auxquels il se livre avec les claviers sur le titre éponyme ou sur 'Coming Back To Life'. Chaque morceau se révèle parfaitement calibré et bénéficie la plupart du temps de refrains accrocheurs. C'est le cas du single 'In Wheels Of No Return' aux claviers 80's et aux éléments FM, d'un 'Farewell' à la grosse basse groovy et se lançant sur l'asphalte tel un gros cube, d'un 'Wings Of Love' que n'aurait pas renié le Bon Jovi des premiers albums, ou de 'Desire', digne du Whitesnake des années 80 avec ses éléments bluesy inoculés sous amphétamines. Mais si elles font partie de son charme, ces références encore trop prégnantes sont aussi la principale faiblesse de ce "One For The Road" qui finit par manquer cruellement de personnalité.
Ne souffrant d'aucun temps mort et superbement exécuté, cet opus ne manquera pas de susciter l'intérêt de tous les amateurs d'un hard-rock classique, alliant puissance et mélodie. Il aurait cependant gagné à affirmer un peu plus d'originalité afin de s'extraire de la masse de formations œuvrant actuellement dans un mouvement revival qui commence à être saturé. Le talent est évident et retiendra l'attention. Le potentiel laisse espérer un avenir brillant mais il va falloir absolument assumer un peu plus d'authenticité pour atteindre les sommets du genre.